Dans le cadre du Plan Climat Air Energie de la région Midi-Pyrénées, ce sont une centaine d’éoliennes qui devraient trouver un emplacement sur le département ariégeois. Les cinq premières prendront peut-être racines en 2015 dans le bois de Sarraute, une propriété privée, sur la petite commune de Troye d’Ariège. « Elles recueillent l’aval de la population », témoigne Arlette Romera, maire de Troye d’Ariège. « Un sondage réalisé en novembre 2012 a démontré que la population était majoritairement favorable. Et les retombées économiques sont non négligeables : 40 000 euros de location d’accès aux éoliennes, sans compter les impôts fonciers sur le bâti. » C’est bien ce que reprochent les communes avoisinantes, dont les élus ont monté une association : Protection du tourisme et du Pays Cathares. Pour elles, « la motivation se limite à l’appât du gain. »
Mais Arlette Romera souligne l’intérêt écologique. « C’est une énergie qui ne coûte rien, c’est du vent. Le photovoltaïque a un impact esthétique plus négatif sur les terrains agricoles, et leur rentabilité énergétique est moindre. Et les éoliennes n’empêchent pas les touristes d’aller en Espagne ou en Bretagne. Et nous faisons cela pour nos enfants, pour l’avenir. » Du vent, justement c’est ce qu’en pense Jean Huillet, maire de Camon, et à l’origine de l’association, pour qui l’énergie éolienne est loin d’être celle la plus adaptée au territoire ariégeois. « Notre combat n’est pas anti-éolien. Nous sommes pour toutes les énergies renouvelables, et d’ailleurs notre département avec 30% d’énergie hydraulique, est au-dessus des exigences européennes. Nous avons aussi le photovoltaïque, et une filière bois. »

Raz Energie : "Il faut faire des compromis"
Du côté de Raz Energie, filiale du groupe français Samfi, dont le siège social est basé à Toulouse, on estime avoir pris en compte depuis la naissance du projet en 2009, l’ensemble des contraintes naturelles et techniques. « Nous étudions les différents périmètres de protection, historiques et patrimoniaux, écologiques également, techniques avec l’aérodrome et la présence de l’aviation civile et militaire. » Pour Paul Cabanillas, gérant de la société, des efforts ont déjà été réalisés envers les communes réfractaires au projet. « Nous sommes passés de 8 à 5 éoliennes. Nous produirons l’équivalent de la consommation de 15 000 personnes. L’impact sur le paysage sera minime. Et c’est une histoire de compromis : on ne peut pas implanter des éoliennes sans que cela se voit. » Là repose le noeud du conflit. Si pour Arlette Romera, les 150 mètres de hauteur des éoliennes et les 58 mètres d’envergure des pales seront en partie cachés par la colline boisée, pour l’association c’est une illusion.
Les 94 habitants de Troyes d’Ariège ont pour l’instant du mal à convaincre l’ensemble des communes riveraines qui s’estiment touchées directement par cette installation. A dix kilomètres alentours du bois de Sarraute, se trouvent des bâtiments inscrits au patrimoine. Pour Jean Huillet, les éoliennes sonneront le glas d’un territoire économiquement sinistré. « Nous étions un département riche en industries, avec la papèterie de Saint-Giron, ou encore Pechiney. Il ne nous reste rien. Le seul moyen économique de s’en sortir, c’est le tourisme. Nous avons ici un site privilégié, un camping écologique, des chambres d’hôtes, un endroit vierge que viendraient détruire ces éoliennes. » Le premier projet éolien en Ariège d’un coût de 27 millions d’euros, est actuellement entre les mains du Préfet.
Virginie Mailles Viard
Sur la photo : Vue aérienne de Troye d’Ariège. Photo 2 : photo-montage du parc éolien de Troye.
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