Les chèvres de la ferme des Nougarolles paissent déjà dans les prés les fleurs du mois de mai qui donneront au lait cette saveur unique, riche de la flore printanière. Les bottes plantées fermement dans la boue, le téléphone à l’oreille, Jacques Soulère donne l’adresse de sa ferme à un étudiant-ingénieur de Purpan qui vient ici, au pied du Cagire, réaliser ses trois mois de stage. L’élevage des Nougarolles, aux origines provençales, pousse sa corne à Arbon, petit village commingeois chevillé à 600 mètres d’altitude, surplombant la vallée du Job. Le lieu adéquat pour la chèvre du Rove, race rustique, férue de marche, attachée à ses petits et à ses cornes !
Les chèvres de Jacques Soulère grimpent chaque jour jusqu’au plateau de Campels, à travers bois, surveillées par Adja, la patou qui fait fuir d’éventuels prédateurs. Placée dès ses cinq mois au milieu du troupeau, elle ne le quitte pas, nuit et jour. Ces parcours quotidiens entre la ferme et les lieux de pacage, propriétés de la ferme, entretiennent les chemins, et remettent au jour d’anciennes terrasses disparues sous les ronces sauvages.
Un élevage respectueux des bêtes
Pour Jacques Soulère, fils de berger, cette exploitation à taille humaine, respectueuse des bêtes, reste marginale dans un contexte agricole qui pousse à l’accroissement. Mais il résiste et fait comme faisait son père, comme on faisait avant.
« Je suis la nature, tout simplement. Je ne transgresse pas ses lois. On écorne les bêtes dans les élevages industriels, où l’on trait à la machine, et où, à peine nés, on retire les chevreaux à leurs mères. La traite se fait ici à la main, pour ne pas abimer les trayons, et avoir un lait propre. Les chevreaux sont nourris sous la mère jusqu’au sevrage, pour ne pas traumatiser les bêtes. Elles paissent dans nos prés, et l’hiver, ont des aliments sans OGM, ni huile de palme. L’élevage des Nougarolles se compose de 40 chèvres du Rove, qui travaillent toute l’année à mettre bas et à produire du lait. »
Jacques Soulère a passé dix années à la tête d’un cheptel de brebis avant de sauter le pas vers la production fromagère en 2012. Par passion pour les chèvres du Rove, et intimement convaincu que seule la petite production locale a un avenir. « Le prix des céréales a grimpé de 300%, pour les petits producteurs ce n’est pas tenable. J’ai investi dans une reconversion de mon activité grâce au Plan de modernisation des bâtiments d’élevage. »
Protégées de la pluie battante sous un vaste chapiteau de toile, les chèvres jouent à se pousser de leurs larges cornes torsadées, ou à tendre leurs sabots au patou, qui les lèche consciencieusement. Cette intégration réussie réjouit le berger, qui a adopté Adja grâce au programme de l’association La Pastorale Pyrénéenne. L’élevage des Nougarolles fonctionne suivant le système pastoral, il en a adopté les valeurs de respect des bêtes et de l’environnement. Jacques Soulère vend l’intégralité de sa production sur les marchés de Bagnères-de-Luchon, Saint-Gaudens, Aspet ou Encausse-les-Thermes. La ferme des Nougarolles est devenue le passage obligé des amoureux de la montagne, et des fromages de Brousse des chèvres du Rove.
Virginie Mailles Viard
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La race caprine du Rove est une race provençale, adepte des parcours montagneux difficiles. Le site de la Ferme des Nougarolles raconte toute l’histoire de cette race atypique, aux cornes torsadées et au caractère bien trempé.
