En 2009 des astronomes inquiets de voir l’éclairage excessif des communes autour des Hautes-Pyrénées « éteindre le ciel », selon Hubert Rives, mobilisaient les élus et le syndicat du Pic du Midi. En 2013, la RICE du Pic du Midi, seconde plus grande réserve de ciel étoilé au monde, était labellisée par l’International Dark Sky Association. Le 17 novembre dernier, une nouvelle distinction récompensait la réserve, plus humble mais non moins signifiante : le Trophées Orquasi. Il était remis par l’Observatoire régional de la Qualité de service des infrastructures pour saluer la gestion exemplaire et innovante du développement durable de la RICE.
Car associer 251 communes dans un projet de rénovation de l’éclairage n’est pas simple. « Pour convaincre, nous avons élargi la réflexion classique autour de l’éclairage public et son utilité pour la sécurité et les déplacements en introduisant des nouveaux bénéfices économiques, environnementaux et sociaux, » raconte Bruno Rouch, directeur du SDE 65, le syndicat départemental d’énergie des Hautes-Pyrénées qui fait partie de la gouvernance du projet avec le Syndicat mixte du Pic du Midi et le Parc national des Pyrénées. En redonnant accès au ciel étoilé, le projet a développé des valeurs ajoutées environnementales et touristiques sources de retombées économiques conséquentes pour le territoire.
Transition lumineuse
Parmi les trois outils plébiscités pour cette rénovation de l’éclairage, les communes engagées travaillent sur la maitrise des flux lumineux pour éviter leur dispersion dans le ciel, via des réflecteurs et des ampoules intégrées dans les lampadaires. Elles s’efforcent aussi de réduire les puissances consommées par des systèmes dynamiques de réductions en fonction des usages, de la détection de présence ou de la télégestion. Enfin, la réduction de la lumière bleue dotée d’une forte capacité de propagation est l’ultime enjeu. « Nous avons établi un moratoire sur l’utilisation des Led et invité les fournisseurs à travailler sur des faibles pourcentages de bleu », précise Bruno Rouch. L’ Association française de l’éclairage fait d’ailleurs partie des professionnels associés au pilotage de la RICE.
Si le budget annuel du SDE 65 consacré à l’éclairage a triplé sur l’ensemble du département (environ 3,5 millions d’euros) pour accompagner les communes en conversion depuis la labellisation en 2013, le directeur pronostique encore dix ans d’accompagnement à hauteur de 50% des projets. Les communes ont aussi bénéficié des aides de l’Etat ou de la Région avec un nouvel élan grâce aux récents Territoires à énergie positive (TEP-CV). De quoi amortir les investissements entre quatre et dix ans. Fort de ce modèle de concertation et de développement durable, la RICE serait en passe de convertir d’autres candidats comme la Parc des Cévennes, le Lot ou les Pyrénées ariégeoise.
Aurélie de Varax
Photo Nicolas Bourgeois, Pic du Midi.