Il n’en revient toujours pas Stephan Mazars, gérant de STS, Société Technic Services. La signature du rachat de l’entreprise figaceoise Altariva par STS, installée à Decazeville, s’est faite au Bourget, sur le stand d’Aerospace Valley, devant une centaine de personnes. Un engouement public et médiatique qui tient au socle économique de ces deux entreprises adaptées, qui emploient au moins 80 % de travailleurs handicapés. Derrière ce rachat, se jouent le maintien sur le marché de l’emploi des salariés d’Altariva [1], et l’accroissement des capacités de production de STS. Si la première battait de l’aile, avec 800.000 euros de chiffre d’affaires, STS suit une courbe exponentielle - une croissance de 37 % en 2014, 5,2 millions d’euros de chiffre d’affaires - qui ferait pâlir les entreprises ordinaires. « Avant, se souvient Stephan Mazars, gérant de STS, on vendait notre savoir-faire, on ne parlait pas du handicap. Maintenant, les partenaires n’ont plus de craintes, on peut communiquer dessus. Et démontrer la grande qualité de notre travail. Grâce au statut d’Entreprise Adaptée, nos clients peuvent bénéficier d’une exonération partielle ou totale de leur obligation en terme d’emploi de travailleurs handicapés. »

L’aventure de STS à travers le handicap
Au sein de STS, les salariés assemblent, découpent, peignent, des pièces techniques pour le monde aéronautique, le spatial, le ferroviaire, l’automobile. L’entreprise a développé un savoir-faire dans les composites. « Un travailleur handicapé apporte plus de précision, d’exigence, pour démontrer ses capacités. Nous réalisons des pièces très techniques. La mécanisation est réduite au nécessaire. La valeur de l’entreprise, c’est le savoir-faire de l’homme. » Entreprise familiale, STS s’est créée en 1988 au moment où restaient sur le carreau de la sidérurgie dans le bassin decazevillois, les travailleurs handicapés. « On ne savait où les reclasser : il n’y avait pas ici de modèle économique adapté. » La Lorraine elle, expérimentait les Ateliers protégés, les ancêtres des Entreprises Adaptées. « Et ça marchait. Nous l’avons dupliqué ici, avec Ratier-Figeac. L’idée leur a plu. Au début on a câblé des hélices, puis réalisé la peinture, le nez etc. »
Reprise d’un des deux sites d’Altariva
De fil en aiguille les cent salariés de STS venus d’horizons divers, sont devenus des experts. La montée en compétences s’est accompagnée d’une croissance rapide, qu’il fallait maîtriser. En 2014, STS embauche 25 salariés supplémentaires, et Stephan Mazars prévoit de nouvelles embauches en 2015. « C’est une ascension complexe, nous étions face à un problème de recrutement. Soit nous montions une entité nouvelle, soit, STS rachetait une entreprise existante".
La pâle santé financière d’Altariva, qui l’a poussée à se séparer des deux sites du Lot, à Cahors et Figeac - 150 salariés - a résolu l’équation. « Nous reprenons pour l’instant l’entreprise de Figeac. Nous verrons ensuite pour Cahors. STS met 500.000 euros dans l’affaire. Maintenant il faut mettre l’entreprise à l’équilibre, car Altariva perdait 100.000 euros par an depuis dix ans. Si on ne fait pas de l’économique, on ne fait pas du social. » L’accroissement du personnel s’accompagnera de nouveaux locaux et de la création d’une école de formation où les salariés aguerris formeront les nouveaux venus.
STS prévoit un chiffre d’affaires de 6,5 millions d’euros en 2015.
Virginie Mailles Viard
Sur la photo de gauche à droite, Patrick Delacroix gérant d’Altariva, Martin Malvy président de la région Midi-Pyrénées, Stephan Mazars gérant de STS, Stéphanie Benaroc de l’Una ( Union nationale des entreprises).
Notes
[1] La SARL Altariva, employe 270 salariés. Il appartient au groupe YMCA Colomiers. YMCA est également composé d’un Esat (établissement de service d’aide par le travail) qui fait travailler 330 personnes handicapées ; d’une entreprise adaptée, qui emploie 80 personnes handicapées.