Une page se tourne. Sur l’ile du Ramier l’ancien site du parc des expositions de Toulouse a entamé sa renaissance. La déconstruction des halls lancée à l’automne dernier, entre dans sa dernière phase. Après 70 ans de bétonisation totale, 26.000 m2 de sols et bâtis sont en cours de déconstruction et déminéralisation. Un ambitieux projet d’écologie urbaine qui prévoit la valorisation de 95% des déchets issus du chantier et constitue le cœur du futur Grand Parc Garonne.
Du sol à la charpente, rien ne se perd…
Huit à dix mois de travaux de déconstruction auront été nécessaires au lieu de trois pour un chantier de démolition classique. « Mais le coût global est favorable pour l’environnement », tranche Guillaume Cantagrel, responsable du projet Grand Parc Garonne pour la Ville de Toulouse et la Métropole. Le coût total du projet s’élève à 180 millions d’euros TTC pour l’ensemble de l’ile, dont 7 millions pour les déconstructions du secteur nord. Dès l’appel d’offres des entreprises, la collectivité maitre d‘ouvrage avait mentionné un critère de sélection élevé pour les aspects d’économie circulaire. C’est finalement le groupement Cassin TP–STTM-BMTP qui a été choisi. « Ils vont plus loin que ce que nous avions demandé », décrit Guillaume Cantagrel.
En effet, le chantier prévoit la déconstruction de cinq halls (n°1, 2, 4, 5 et 6, ndlr). Concernant le hall 5, la gestion du réemploi des matériaux relève pratiquement de la prouesse technique. Le hall de 5000 m2 et 55 m de long sans aucun poteau, sera en effet entièrement démonté, chaque pièce précieusement numérotée. Il sera ensuite remonté par l’entreprise Cassin TP qui souhaite l’utiliser à des fins de stockage pour ses propres matériaux sur son site de Sesquières.
Dans cette démarche, la Métropole s’est entourée de l’association Synethic, assistant à maitrise d’ouvrage en économie circulaire qui accompagne les collectivités dans leur transition écologique. Ainsi, les structures métalliques (IPN) des différents halls seront transformées en bancs dans le futur parc.
Côté électricité, 6 km de câbles, 14 armoires électriques, 80 disjoncteurs ont été récupérés dans les différents bâtis du parc des expositions ; ils seront utilisés pour rénover le réseau électrique d’un centre d’hébergement d’urgence quartier Saint-Cyprien à Toulouse. Plusieurs associations (Emmaüs, électriciens du monde, etc.) ont été associées pour organiser la filière de récupération de nombreux objets et matériaux.
Sous les pavés, de l’herbe
L’un des aspects les plus spectaculaires du chantier reste la débitumisation en cours des parkings et voies de circulation, voués à être transformés en prairie. Ils deviendront le cœur du futur Grand Parc Garonne. « Ces sols ont été imperméabilisés pendant 70 ans. Pour les restaurer, nous les "décroutons" d’abord sur une profondeur de 30 cm environ, puis nous ajoutons 6000 m3 de terre végétale et 750 m3 de compost fin issu de la filière municipale de déchets verts. Enfin, nous planterons un semi de prairie avec des légumineuses et des graminées. L’objectif est d’amender les sols pendant un an avant de planter les végétaux », décrit Patrick Bernard, de l’association Synethic. Les enrobés sont stockés et concassés par Cassin TP dans l’un des halls avant d’être totalement réemployés pour les futures voieries aux abords du Meett, à Beauzelle. La boucle est bouclée.
Béatrice Girard
Sur la photo : Les 26 000 m2 de l’ancien parc des expositions bientôt transformés en prairie sur l’ile du Ramier. Crédit Béatrice Girard -ToulÉco.