
Autrefois, entre l’Ariège et la Haute-Garonne, on se partageait bon an mal an l’usage de l’eau. En l’occurrence celle de la Lèze, rivière qui prend naissance dans le massif du Plantaurel en Ariège, et finit sa course 60 km plus bas en aval de Labarthe-sur-Lèze en Haute-Garonne. Il y avait alors ceux d’en haut, les Ariégeois, près de la source. Et ceux d’en bas, les Hauts-Garonnais, qui récupéraient ce qui restait. « Les uns avaient de l’eau, et les autres n’avaient rien », raconte Gérard Boy, secrétaire délégué du Syndicat mixte d’aménagement hydraulique de la vallée de la Lèze.
Le cours de la Lèze est parsemé de chaussées, des petites retenues d’eau installées au temps des moulins. Les agriculteurs se servaient de ces retenues pour pomper l’eau. Et si les Ariégeois étaient mieux nantis par leur position géographique, sans glacier pour alimenter la rivière en été, les possibilités d’irrigation étaient uniquement soumises aux périodes de pluies.
La naissance du barrage de Mondely
Aujourd’hui, les étés restent des périodes critiques, mais les agriculteurs ont décidé de se rassembler pour que, d’un bout à l’autre de la rivière, de juin à septembre, chacun ait sa part. La Lèze irrigue désormais sur son passage 1700 hectares. Elle permet aux agriculteurs ariégeois de faire pousser leurs cultures, et aux haut-garonnais d’abreuver leur bétail. Il a fallu des hommes de très bonne volonté, et la construction d’un barrage fait de terre, pour que le cours de l’histoire de la Lèze s’incline vers une gestion raisonnée et équilibrée de son usage.
Gérard Boy, né dans la vallée de la Lèze, est alors un jeune homme, salarié dans l’aéronautique, quand les agriculteurs décident de créer une retenue d’eau. « C’était en 1980. Il y avait parmi les agriculteurs un visionnaire, qui s’appelait Rémy Chibarie. Il est à l’initiative de ce barrage qui a été construit par la Compagnie d’Aménagement des Côteaux de Gascogne. Il s’est battu comme un lion, allant voir toutes les parties intéressées, pour que se crée cette retenue d’eau et que tous les agriculteurs le long de la Lèze puissent en bénéficier. »
On construit donc un barrage de 24 mètres de haut, de 100 mètres de long, contenant 4 millions de mètres cubes d’eau. Le barrage de Mondely, une retenue artificielle destinée à l’irrigation du bassin de la Lèze, est né. Ses lâchers d’eau sont gérés par ses propriétaires et exploitants, des agriculteurs du SMAHVL. Le barrage est soutenu financièrement en Haute-Garonne par les collectivités concernées par les trois zones de pompage installées sur cette partie-là de la rivière. Et en Ariège par les agriculteurs eux-mêmes. La particularité de la gestion du parcours de la Lèze est qu’elle doit, en bout de course, maintenir une réserve d’eau destinée à la préservation de l’écosystème.
Une gestion raisonnée du capital eau
Mais en 2008, le barrage fait d’un remblai de terre compacté, est sujet à des pressions anormalement élevées. Gérard Boy vient de prendre sa retraite. Il est alors adjoint au maire, et devient secrétaire délégué syndical du SMAHVL. Il rencontre les ingénieurs de bureaux d’études pour se former. « Le syndicat n’avait pas les moyens de se payer un bureau d’études dédié. De mon expérience dans les avions, j’ai apporté un point de vue technique, le moyens de prévenir les dangers, une gestion raisonnée et raisonnable du barrage. »
De ce travail de terrain, il trouve des solutions pérennes pour le barrage, et sort un manuel d’utilisation, validé par la préfecture et par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). Sur les chaussées, il prévoit d’ici un an de poser des sondes gérées par des logiciels. « Elles permettront d’affiner les pompages d’eau, et d’aller au plus juste en fonction des besoins, et du coup de limiter au maximum le gaspillage. En 2012, quand certains départements comme le Tarn géraient la sécheresse, nous gérions l’eau. C’est une richesse à préserver. »
Virginie Mailles Viard