L’extension d’un élevage porcin menace-t-elle la grotte préhistorique de Foissac
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La grotte de Foissac en Aveyron, classée monument historique, verra sous peu s’agrandir l’élevage de cochons qui la borde. Les scientifiques craignent que cet accroissement et le lisier qui l’accompagne signent la fin d’Arthur, un guerrier de l’âge du bronze. Pour la filière porcine, les zones d’épandage sont sous contrôle et Arthur peut reposer tranquille.

Depuis 5.000 ans, dans les profondeurs de la grotte de Foissac en Aveyron, reposent 42 squelettes dont celui du guerrier Arthur, en position foetale. Sur les murs, des peintures de mammouth et des signes énigmatiques datant du paléolithique. Au sol des poteries préservées in situ et une empreinte de pas d’un enfant. Des témoignages de l’habitat de nos ancêtres qui ont fait de ce site, classé monument historique, une des rares grottes ornées au monde. Mais l’extension d’un élevage porcin situé à 340 mètres de la grotte, et le lisier qui l’accompagne, pourraient venir à bout de ces vestiges millénaires.

C’est du moins ce que craignent, du CNRS, en passant par l’Unesco, les chercheurs, les historiens et les scientifiques qui ont monté un collectif pour alerter le préfet. La porcherie des frères Ferrand doit passer de 1.050 à 2.996 têtes de porcs, pour une production annuelle de 8000 têtes. « Les déchets de ces bêtes seront stockés puis épandus pendant 30 jours au printemps. Le plan d’épandage est concentré sur le bassin versant de la grotte. L’eau ruisselle et se rassemble sur la pente de ces terrains. Les champs arrosés de lisier drainent l’eau, qui s’infiltre dans la grotte », explique Sébastien du Fayet de la Tour, spéléologue et conservateur en charge de la grotte. « Nous craignons que les bactéries concentrées dissolvent comme un pain de sucre les squelettes des hommes préhistoriques dormant sous terre. »

2.500 signataires d’une pétition

L’étude d’hydrogéologie présentée par les frères Ferrand semble, elle, écarter tout risque de pollution des eaux souterraines. Pour Christophe Durand, chargé de l’environnement chez MidiPorc - l’Interprofession porcine en Midi-Pyrénées - l’expansion du site et son statut industriel sont un gage de suivi de pollutions éventuelles qui n’existait pas jusque-là. « Nous avons travaillé un an et demi sur ce projet, dont le cahier des charges est draconien. Il ne peut pas y avoir de traces de lisier dans l’eau d’écoulement. Et les mesures de prévention et de contrôle seront respectées, puisque c’est dans l’intérêt des éleveurs. »

Les discussions autour des surfaces d’épandage sont en cours pour que, malgré tout, soit préservée une marge de sécurité autour de la grotte. Ces dernières semaines, 2.500 personnes dont 2.000 scientifiques ont signé la pétition pour protéger le guerrier Arthur et ses congénères.
Virginie Mailles Viard

Crédits photo : DR.

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Source : https://www.touleco-green.fr/L-extension-d-un-elevage-porcin