Joël Marty, vous étiez au Forum Mondial de l’eau 2015, en Corée du Sud, quel était l’objectif de cette septième édition ?
Le Forum Mondial de l’Eau est le grand événement international des acteurs du secteur de l’eau. Organisé tous les trois ans, il réunit toutes les parties prenantes pour débattre des questions liées à l’eau et à l’assainissement et pour susciter un engagement politique réel et durable en faveur de l’eau. Neuf chefs d’état, quatre-vingt ministres et une centaine de délégations étaient présents. La délégation française comprenait 200 représentants regroupés sous l’égide du Partenariat Français pour l’Eau. Le premier objectif français était de mettre en avant le savoir-faire national sur la gestion intégrée de la ressource en eau et sa gouvernance territoriale. Le second objectif était d’obtenir la prise en compte de l’eau dans le cadre des objectifs du développement durable (ODD) 2015 qui vont être fixés en septembre et dans la conférence sur le climat Cop 21 de décembre.
Et quel était l’objectif de l’agence de l’eau Adour-Garonne ?
Nous étions là pour présenter les travaux que nous conduisons dans le domaine du changement climatique. Lors des sessions officielles auxquelles participait Laurent Bergeot, directeur général de l’agence de l’eau Adour-Garonne et sur le stand France où nous avions organisé un side event « Eau et changement climatique », nous avons présenté plusieurs travaux : l’étude Garonne 2050, le film Garonne 2050 qui montre les conséquences du réchauffement climatique dans le bassin Adour-Garonne, un travail de recensement de l’ensemble des travaux liés au changement climatique ainsi qu’un document stratégique qui intègre des éléments d’adaptation. Pierre Augey, président de la commission des relations internationales, est également intervenu sur la coopération internationale, c’est à dire les actions conduites par l’agence en matière de solidarité avec des collectivités engagées ou d’échanges de bonnes pratiques pour la gestion de la ressource en eau.
Sur quels sujets l’agence de l’eau Adour-Garonne est-elle pilote en France ?
Notre agence est pilote pour les six agences françaises pour la coopération internationale. C’est pourquoi nous avons coordonné la présence des agences lors du Forum. Nous avons également été précurseur sur la réflexion autour du changement climatique. Le Sud-Ouest est la région qui sera potentiellement la plus impactée en termes de diminution des débits des cours d’eau et nous travaillons sur ces questions depuis 2008 à travers le choix d’une démarche participative innovante qui associe tous les acteurs du territoire. Actuellement, les choses bougent beaucoup aussi au niveau national car tout le monde est obligé d’adopter des mesures.
En quoi le modèle des agences de l’eau françaises fait figure d’exemple à l’international ?
Les agences de l’eau ont développé une gestion intégrée de la ressource en eau qui, au niveau international, est assez novateur et inspirant pour d’autres pays. Les acteurs internationaux nous sollicitent afin d’apprendre de notre savoir-faire en matière de gouvernance et de financement de la ressource en eau. Le système de gestion à la française est un système décentralisé et multi-acteurs. Faire payer les plus gros consommateurs d’eau et les gros pollueurs sur un territoire pour redistribuer ensuite cet argent sur des projets utiles au territoire n’est pas un modèle répandu dans le monde et il est recherché aujourd’hui. C’est le principe du pollueur-payeur. Nous travaillons actuellement avec les ministères de l’environnement de Colombie et d’Équateur qui cherchent une voie spécifique sur l’eau.
Lors du Forum, quels sont les engagements qui ont été pris dans la perspective des prochains ODD et de Cop 21 ?
Des déclarations ministérielles ont été faites qui reprennent l’idée qu’il faut intégrer impérativement la thématique de l’eau dans les ODD 2015 et la Cop 21. Les parlementaires français, notamment Jean Launay, député du Lot et Président du Conseil national de l’eau, ont bataillé en ce sens et il faut poursuivre les efforts jusqu’à la signature. Autre point important : pour la première fois, la gestion intégrée par bassin versant a été unanimement reconnue comme la bonne approche de gestion de l’eau sur les territoires. C’est une reconnaissance de l’expertise française en matière de gestion intégrée de la ressource en eau.
Propos recueillis par Aurélie de Varax
Sur la Photo : Joël Marty, directeur des relations internationales de l’agence de l’eau Adour-Garonne. Photo Hélène Ressayres.