Il s’agit de la première traverser de l’Océan Arctique par le pôle Nord de Anchorage à Seabeed, grâce à un voiler qui peut évoluer aussi bien sur l’eau que sur la glace, uniquement à la voile et donc sans impact sur le milieu. Conjointement, les trois explorateurs à bord depuis le 19 juin - Sébastien Roubinet, Vincent Colliard et Eric André-, réaliseront des prélèvements scientifiques pendant trois mois, en partenariat avec Toulouse INP, pour analyser notamment l’impact de l’activité humaine sur la fonte des glaces. Les premiers échantillons devraient être collectés la semaine prochaine.
« Cela fait plusieurs années que Sébastien Roubinet porte ce projet de traversée à la voile par les glaces. Il s’est posé la question de l’utilité de prendre des échantillons sur son parcours et nous avons commencé à réfléchir à une collaboration scientifique en tenant compte des contraintes de l’expédition », raconte Romain Teisserenc, responsable scientifique de l’expédition et enseignant-chercheur à Toulouse INP. Les prélèvements d’eau dans les lacs de glace fondue du Pôle seront effectués sur 3000 miles, dans des conditions extrêmes puisque dans les glaces, l’équipe ne progresse que de quelques centaines de mètres par jour.
Conservés dans l’obscurité et le froid, ils seront ensuite analysés à Toulouse INP notamment par le Laboratoire EcoLab (écologie fonctionnelle et environnement). Dans ces espaces vierges seront recherchés et quantifiés le mercure et les micro plastiques. « Nous verrons quels types de plastiques sont retrouvés et en quelle quantité. C’est une étude prospective qui n’a jamais été réalisée sur ce milieu et peut ouvrir un champ de recherche. » Les échantillons seront également précieux pour le GET (Laboratoire Geosciences Environnement Toulouse) qui travaille sur le mercure marin.
Mesurer l’impact de la Cryonite sur la fonte des glaces
L’équipe de recherche s’intéresse également aux trous de Cryonite. Formés lors de la fonte de la glace, ces trous dans la glace accueillent une matière sombre dont l’origine intéresse les chercheurs de l’INP. « Cette accumulation de matière sombre facilite l’absorption des rayons du soleil et renforce donc la fonte de la glace », indique Romain Tisserenc. « Nous voulons savoir si la cryolite se forme par un développement naturel d’algues ou si elle est dûe à une accumulation de poussières dues à notre activité ». Les résultats de l’ensemble des études devraient être disponible à la fin de l’automne.
En parallèle, l’expédition réalisera également des photos de la couverture de glace tout-au-long du parcours pour le LEGOS (Laboratoire d’Etudes en Géophysique et Océanographie Spatiales) à Toulouse afin de comparer ces images de terrain du Pôle Nord et celles réalisées par les satellites et améliorer ainsi les connaissances de ce milieu.
Aurélie de Varax
Photo Arnaud Mansat.
Vous pouvez suivre l’expédition pendant tout l’été.