L’économie participative recouvre des domaines très diversifiés : la consommation, la production, la mobilité, la communication, la création, la monnaie ... Elle s’appuie sur une nouvelle façon de consommer et de créer les biens de consommations. Via le modèle de l’open source, qu’utilisent les Makers pour créer de nouveaux produits et réaliser des prototypes, ou en s’appuyant sur des lieux propres comme les FabLab, lieux collectifs de création, ou bien en repensant le mode de financement comme le réalise le crowdfunding, le financement participatif. « Ce nouveau modèle impacte les modes de consommation, de distribution. Le rapport à la propriété change, et cela a des répercussions sur les entreprises », explique Anne-Sophie Novel, docteur en économie, journaliste, et co-auteur avec Stéphane Riot de Vive la Corévolution [1]. Un ouvrage qui prédit une nouvelle façon de manager et d’entreprendre, grâce notamment à l’intelligence collective.
L’économie participative : se réapproprier les processus de fabrication
Le village est bien devenu planétaire. On retrouve aujourd’hui dans le web participatif
ce qui se fait depuis la nuit des temps dans l’économie rurale : l’entraide au moment des récoltes, ou encore quand plusieurs familles, après avoir tué et préparé le cochon le partagent le soir après un repas festif. Du jour du cochon à l’économie participative, il n’y a qu’un pas : être acteur d’une œuvre collective mais à l’échelle planétaire, c’est retrouver les rouages économiques et citoyens installés sur nos territoires, qui maintiennent les liens sociaux.
Une analogie que ne renierait pas Anne-Sophie Novel, également créatrice des blogs EcoloInfo, et de Locavore Spirit. La structure économique qui prend forme via le web participatif n’a d’avenir que si les relations humaines s’installent réellement. Un socle fondamental estime la journaliste : « La collaboration c’est avant tout des rapports humains. Internet permet un échange d’informations, à travers les réseaux sociaux on partage les biens et les services, les compétences. C’est un modèle que les entreprises commencent à apprivoiser, on le voit avec l’émergence du community manager, qui peut coproduire avec la clientèle de la marque, en allant plus loin dans une logique participative. » Le web participatif permet ainsi de réaliser du pré-marketing porteur en termes de notoriété : se réunir pour financer un webdocumentaire sur une plateforme de crowdfunding, c’est déjà donner avant la diffusion une existence économique et artistique à l’œuvre.
Mais ce nouveau modèle qui s’appuie sur la participation active des communautés, ne risque-t-il pas de provoquer la disparition de certains corps de métiers ? Pour Anne-Sophie Novel, la démarcation entre le consommateur et l’expertise de l’ingénieur sera toujours présente. « Mais nous sommes malgré tout dans une posture tendue, et il faudra chercher une complémentarité, être dans l’échange. Ce n’est pas simple, il faut casser certains codes. Il est trop tôt pour avoir du recul, mais cette économie grandit. »
Virginie Mailles Viard
Sur la photo : Anne-Sophie Novel, copyright Julie Rey.
Anne-Sophie Novel tient une conférence lors du second rendez-vous régional de la responsabilité sociétale de l’entreprise en Midi-Pyrénées, « Tous acteurs de l’économie de demain », le vendredi 8 novembre 2013 à Toulouse.
Inscriptions et programme sur le site de l’Arpe.
Notes
[1] Vive la corévolution ! Pour une société collaborative, aux éditions Vive la CoRévolution ! Anne-Sophie Novel et Stéphane Riot - Ed. Alternatives-Gallimard