L’économie circulaire apparaît comme une réponse simple et adaptée à une production croissante de déchets. La société Cler Verts installée dans le Lauragais fait figure de pionnière sur l’hexagone. Jean-Luc Da Lozzo, directeur de la société de compostage Cler Verts dans le Lauragais, a réussi l’exploit de l’insuffler au numéro un du fast-food, Mac Donald’s. « Un nouveau service baptisé « écoResto » permettra de traiter 155 tonnes de déchets, qui jusqu’à maintenant étaient incinérés ou mis en décharge, et d’obtenir 50 tonnes de fertilisants de proximité (déchets du monde urbain transformés en ressources du monde rural). »
Que l’enseigne synonyme de vite consommé, de jetable, et d’emploi intérimaire, ouvre la voie de l’économie circulaire en matière de tri des déchets dans la grande distribution, devrait faire réfléchir les collectivités qui peinent à prendre le pli.
Cette première mondiale de collecte des déchets organiques a le mérite d’éclairer une économie qui elle s’appuie sur la durée, comme l’explique Jean-Luc Da Lozzo. " Le concept de l’économie circulaire vise à faire du déchet une ressource. Mais le recyclage n’est qu’un des aspects de l’économie circulaire, elle peut s’appliquer à un produit que l’on loue au lieu de le vendre."
Mettre en place une économie circulaire, c’est penser la ressource sur du long terme, la récupérer, la transformer, puis la remettre dans le circuit de la consommation. Mac Donald’s n’est pas le premier fait d’armes de Cler Verts, il y a la minoterie le Grand Moulin de Paris, installée à Revel, qui est venue au mois de mars présenter une courbe exemplaire. « Depuis qu’ils font de leurs résidus de farine du compost, ils ont réalisé de véritables économies. Bien souvent on oppose économie à écologie, on voit là que c’est tout le contraire ! » Avec l’appui de la plate-forme de compostage Cler Verts, la Clinique Pasteur a elle mis en place un tri des déchets organiques issus de son service de restauration. Soit 4 tonnes de compost, qui sont ensuite utilisés par la structure d’insertion l’Esat de Nailloux, dans le cadre de leur service de restauration de la Clinique Pasteur. « Ils ont devancé la réglementation qui impose à la grande distribution, et dès 2012 le tri, compostage ou méthanisation. »
« L’économie circulaire : l’urgence écologique »

Ce qui semble être une nouveauté est pourtant inscrit de longue date dans nos civilisations. C’est ce que l’historien Jean-Claude Levy, auteur de « L’économie circulaire : l’urgence écologique », est venu présenter au mois de mars à la manifestation organisée par Cler Verts et Bio Vallée Lauragais. « Avant rien ne se jetait. A Pekin on recyclait jusqu’aux os de poulet ! Traditionnellement l’économie a toujours été circulaire. La révolution industrielle présente de nouveaux enjeux : elle produit des objets finis, où tout n’est pas réutilisable. L’exemple le plus connu de son application en Europe est Kalundborg au Danemark. Dans la zone industrielle de cette ville portuaire, chaque entreprise se sert des déchets de ses voisins pour produire à son tour.
Mais nous trouvons aujourd’hui en Chine, qui a érigé une loi unique au monde sur l’économie circulaire, plus qu’une piste, mais une expérimentation qui marche. Voilà déjà 10 ans que les chinois expérimentent l’économie circulaire à grande échelle, et qu’ils tendent vers le zéro déchets. »
Pour les collectivités locales l’enjeu est de taille, puisqu’il exige une planification du cycle de la consommation. « A ce jour seul Jean-Luc Mélanchon a parlé de planification écologique dans son programme, et c’est cela l’économie circulaire. »
Virginie Mailles Viard