
Quelle ressource a été déclarée bien commun de l’humanité ? L’eau, bien sûr. Depuis quatre ans, Midi-Pyrénées Innovation met en réseau les entreprises et laboratoires de la région du secteur de l’eau. « Notre but ? Les aider à innover afin de réduire la pollution des ressources en eaux, de mieux traiter les eaux usées… », explique la
présidente Catherine Jeandel.
À Toulouse, les satellites du Cnes et les travaux du laboratoire Cesbio contribuent, par exemple, à améliorer la gestion de l’eau pour l’irrigation des cultures agricoles. Récompensée par deux prix, la PME toulousaine Loïra est prête à commercialiser son dispositif innovant qui élimine les pesticides et molécules pharmaceutiques tenaces présentes
dans les eaux usées des particuliers, des hôpitaux et des industries chimiques. De son côté, Véolia Eau imagine la station d’épuration du futur, qui transformerait à l’horizon 2020 les eaux usées en matière
première (biocombustibles, fertilisants et biomatériaux). La présidente de MPI poursuit : « D’autres travaillent sur des capteurs qui relèvent l’état quantitatif et qualitatif des cours d’eau et masses d’eaux souterraines. » Justement, qu’en est-il côté quantité des ressources en eau en Midi-Pyrénées ?
Une qualité de l’eau en hausse
Dans son bureau de l’Arpe, Cécile Bedel, conseillère technique eau, en a fait le diagnostic. « Contrairement à d’autres bassins, la région utilise pour ses prélèvements annuels (1/3 particuliers, 1/3 agricoles, 1/3 industriels) en majeure partie ses ressources en eau de surface. Avec une pluviométrie moyenne de 36 milliards de mètre cube par an, Midi-Pyrénées ne manque pas d’eau. Mais les situations d’accès à l’eau sont contrastées, avec des pénuries locales, surtout l’été. » Et côté qualité ? Plus de stations d’épuration, moins de fuites sur les réseaux et l’arrêt de certaines industries ont contribué à améliorer la qualité de l’eau. « Tout cela a permis de faire disparaître de nombreux points noirs ! La catastrophe d’AZF et la dépollution du site sont particulièrement marquants sur la qualité de l’eau à Toulouse », ajoute Cécile Bedel. L’enjeu majeur reste sur la région la lutte contre la pollution diffuse en nitrates et pesticides (agriculture intensive, entretien des jardins, espaces verts et voies ferrées).
Depuis mai 2010, les régions Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d’Azur font aussi partie du pôle de compétitivité Eau. « Ces travaux, qui développent des écotechnologies de pointe, sont d’une importance mondiale », précise Catherine Jeandel. Par exemple, le projet du Pôle Lagumem développe un nouveau procédé de filtration membranaire, qui vise à réutiliser une partie des eaux usées pour l’irrigation de cultures ou d’espaces verts. Aujourd’hui, le Pôle Eau concerne 400 entreprises et compte 1.000 chercheurs. Une force industrielle et de recherche dans le domaine de l’eau unique en Europe.
Agnès Frémiot