C’est au coeur de Toulouse, au sein du Fablab Artilect qu’Ugo Bagnarosa expérimente depuis juillet 2014 avec quatre autres passionnés l’aquaponie, une alternative durable à l’agriculture conventionnelle, qui pourrait révolutionner l’agriculture urbaine. « L’aquaponie est une combinaison de l’aquaculture et de l’hydroponie, l’agriculture hors sol. Autrement dit, l’association d’un aquarium et d’une serre », explique Ugo Bagnarosa. Un système de pompe achemine l’eau de l’aquarium riche en excréments de poissons, donc en engrais, vers un substrat où poussent des légumes de tous types. L’eau circule en cycle fermé : les végétaux qui absorbent l’eau font office de station d’épuration grâce à des bactéries logées dans le substrat qui filtrent l’eau. Résultat, « le système est autonome, il peut être installé sur une fenêtre, un toit ou un balcon et fournir à la consommation des poissons et des légumes. Il faut juste trouver le bon équilibre entre le nombre de poissons et de plantes et effectuer des contrôles comme le PH de l’eau. »
De quoi faire entrer donc l’agroalimentaire dans l’économie circulaire, surtout que les poissons d’eau douce peuvent être nourris avec les lombrics du compost.
Economies d’eau et rendements, sans pesticides

Selon Ugo Bagnarosa l’aquaponie est adaptée à l’agriculture urbaine car « la pousse est plus rapide et les rendements plus importants qu’en culture classique par la densification car il n’y a pas de concurrence entre les plantes qui trouvent autant de nutriments qu’elles souhaitent. » Autre avantage : l’économie d’eau jusqu’à 90% par rapport à l’aquaculture et l’hydrologie pris séparément et le non-recours aux intrants chimiques.
Si l’aquaponie est en expérimentation en Midi-Pyrénées au Fablab Artlilect ou chez des particuliers comme Flemming Funch qui a installé à Ramonville une mini-ferme sur 9m2 bientôt équipée de panneaux solaires, le modèle commence à faire ses preuves ailleurs. Aux Etats-Unis une ferme aquaponique, Growing Power, au coeur d’un quartier industriel en difficulté, fournit de la nourriture de qualité aux habitants et 140 emplois. En Allemagne, la société Efficient City Farming Farmsystems (ECF) parie même sur la construction de fermes aquaponiques et vient d’ouvrir la première à Berlin sur 1800 m2 de friche industrielle, avec un potentiel de 30 tonnes de poissons et 35 de légumes par an.
Au Fablab toulousain, l’équipe peaufine son suivi expérimental et rêve d’un partenariat avec les quartiers voisins ou encore une association comme la Ruche qui dit Oui.
Aurélie de Varax
Sur la photo : Ugo Bagnarosa au fablab de La Serre - Photos Kevin Figuier - ToulEco