Le travail forcé n’est pas l’apanage des pays du Sud. L’Ong internationale Ressource humaines sans frontières (RHSF), fondée il y a dix ans à Toulouse, entend sensibiliser en France sur ce fléau à éradiquer. Elle a lancé cette semaine le Défi 8.7 en Occitanie, avec de nombreux partenaires dont la Région, la mairie de Toulouse, le Ceser Occitanie, le Comité contre l’esclavagisme moderne, le Bureau international du travail en France (BIT) et l’Adepes. « Le Défi 8.7 répond à la »cible 8.7« fixée à l’Onu en 2015 pour atteindre les les Objectifs du développement durable d’ici 2030. Il veut mobiliser tous ceux qui ont le désir de traduire en actes leur refus de situations inacceptables et de s’engager contre le travail forcé et le travail des enfants », souligne Martine Combemale, directrice et co-fondatrice de RHSF.
« Actuellement dans le monde 168 millions d’enfants sont en situation de travail abusif et 21 millions de personnes en situation de travail forcé dont 80.000 en France. Des chiffres certainement en dessous de la réalité », précise la directrice. En Occitanie, le Comité contre l’esclavage moderne accompagne actuellement trois actions en justice, deux dans un contexte de travail domestique et un de travail forcé sur un chantier. « Plus la chaine de sous-traitance est étendue, plus le risque est grand. Nous voulons sensibiliser les professionnels et aussi le grand public pour que chacun puisse signaler des cas », précise Martine Combemale. Cette semaine, deux jours de formations ont été organisés à Toulouse, à destination des entreprises et collectivités et également des citoyens.
Deux secteurs prioritaires : l’agriculture et le bâtiment
C’est d’abord sur le secteur du BTP que seront engagées les premières actions. Et dans un second temps : l’agriculture.« Dans le cadre du plan Marshall de relance du bâtiment, nous avons travaillé sur la commande publique », précise Nadia Pellefigue, Vice-Présidente de la Région en charge du développement économique. « Les 2 et 3 février derniers, les élus ont validé le Schéma régional de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables (SPAPSER) et son annexe, la Charte de l’achat socio-économique responsable qui devra être signée par tous les candidats à un marché public ». Ces deux outils ont été élaboré avec l’aide de RHSF et la charte devrait « permettre de contrôler les horaires et le travail camouflé et favoriser les contrôles », selon l’élue.
Par ailleurs, la région a également entamé un travail renforcé avec RHSF et l’Onu pour lister les achats régionaux à risque dans la filière bâtiment. « Dans notre charte, nous pourrons exiger des candidats que ces zones ne lient pas des zones de sourcing des matières premières utilisées sur les chantiers », poursuit Nadia Pellefigue. « Dans de nombreuses zones d’extraction, il y a des mines clandestines à la périphérie avec des enfants car on creuse moins que pour faire entrer des adultes. Cela concerne des matériaux précieux mais aussi le sable, » rappelle Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT et membre du conseil d’administration de l’OIT. La mise en place et l’avancement du « défi 8.7 » seront suivis par le point national de contact de l’OCDE intéressé par son déroulement en France.
Aurélie de Varax
Sur la photo : Martine Combemale, directrice de RHSF. Photo DR.