Sophie Delage, quelles sont vos ambitions en tant que directrice régionale de Veolia Recyclage & Valorisation des déchets ?
Notre mission est d’accompagner nos clients, collectivités et entreprises, dans la transition énergétique car on sait que toutes les matières valorisables ne sont pas encore captées. Nous les assistons donc sur toute la chaîne de valeur ; par exemple sur la simplification du geste de tri et la valorisation énergétique. Aujourd’hui, plus question de brûler des déchets pour brûler des déchets. Nous avons des réseaux de chaleur connectés et l’on brûle pour produire de l’électricité. Notre mission c’est donc aussi d’accompagner pour aller chercher toutes les calories produites et favoriser la production d’énergie. Sur ce point, nous devons répondre à l’ambition de la loi de transition énergétique pour la croissance verte (TECV) qui prévoit de diminuer la capacité d’enfouissement de 50 % en France entre 2015 et 2025. En Occitanie en 2010, nous enfouissions 1,6 million de tonnes de déchets ; l’objectif est de réduire de moitié, à 0,8 million de tonnes de déchets enfouis en 2025.
Quel est le périmètre de votre intervention ?
Nous intervenons dans tout le grand Sud-Ouest, qui englobe l’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine, et accompagnons 15.000 clients, à la fois collectivités et entreprises, parmi lesquelles 80 % de PME et 20 % de donneurs d’ordres. Nous disposons pour cela de quarante sites : des centres de tri spécialisé, de collecte sélective, notamment à Montpellier, Millau et Bordeaux. Nous gérons aussi des usines de valorisation énergétique à Toulouse, Nîmes, Bordeaux, La Rochelle, Limoges. Nous intervenons dans la hiérarchie des déchets et la prévention, le recyclage des matières, la valorisation énergétique et l’enfouissement avec quatre centres d’enfouissement.
En fonction de l’activité de nos clients et de leur niveau d’exigence, nous intervenons donc sur toute la chaîne de valeur. Par exemple, dans l’industrie automobile, certains ont des exigences particulières et nous leur apportons des solutions de valorisation adaptées. Dans ce périmètre, je m’appuie sur une équipe de 1500 collaborateurs et nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros en 2022.
Quels sont les leviers pour améliorer encore le tri et la valorisation des déchets ?
Nous nous appuyons entre autres sur l’IA. Nous menons par exemple une expérimentation avec la start-up Akhantas, qui a développé un outil d’analyse et de composition des déchets. Ensuite, beaucoup de choses passent par la pédagogie et la prévention, pour accompagner les secteurs de l’industrie et du bâtiment, qui génèrent beaucoup de déchets, et c’est un travail de longue haleine. Nous travaillons notamment avec les éco-organismes qui sont devenus nos clients et sont chargés d’organiser la valorisation des déchets.
Autre priorité pour nous, la décarbonation de nos propres activités, comme à Toulouse, dans notre unité de valorisation des plastiques. Actuellement, nous y valorisons 2000 tonnes de plastique et allons modifier la ligne de prétraitement pour adresser de nouveaux clients avec l’objectif de valoriser 25 % de plastiques supplémentaires. Nous décarbonons aussi progressivement nos véhicules pour atteindre 40 % de notre flotte fin 2024.
Pour progresser sur ces sujets, nous travaillons avec le Village By CA dans le cadre d’un appel à projets pour identifier des innovations sur le recyclage du plastique.
Propos recueillis par Béatrice Girard
Sur la Photo : Sophie Delage directrice régionale de Véolia Recyclage & Valorisation des déchets.
Crédit : Rémy Gabalda - ToulÉco.