Comment en êtes-vous arrivé à créer 900M ?
Je suis né dans une famille qui m’a toujours sensibilisé aux problèmes environnementaux. Après le collège, j’ai essayé de trouver une filière professionnelle proche de la nature. À l’issue d’un BEP qui ne m’a pas plu, je suivi une carrière dans l’informatique, l’un de mes principaux loisirs. Au bout de 13 ans dans ce secteur, j’ai décidé de faire un voyage en Asie et en Australie pendant un an et demi. À mon retour, j’ai décidé de tout arrêter, avec l’envie de faire un métier en rapport avec l’environnement. Pour moi, l’agriculture, c’est la base de notre humanité. Sans agriculteurs, on ne mange pas.
J’ai suivi plusieurs formations et stages dans l’agroforesterie, le maraîchage, etc. Ça m’a donné beaucoup d’espoir. Je vois qu’en travaillant avec la nature, elle nous le rend sans aucun problème, elle est généreuse et il faut savoir travailler avec. C’est ainsi que je suis devenu président et fondateur de l’association 900M, créée le 2 février 2022.
En quoi consiste-t-elle ?
900M est une association d’intérêt général qui a pour vocation de massifier la reforestation de notre planète pour amortir les effets indésirables du changement climatique et revitaliser la planète dans son ensemble, en multipliant les acteurs et actrices du reboisement. L’association s’appuie sur les travaux du scientifique Thomas Crowther. Il affirme qu’en replantant 900 millions d’hectares de forêt, il est possible d’amortir les effets indésirables du changement climatique. À l’échelle de la planète, il y a suffisamment d’espace sur tous les continents pour cela, par exemple sur les terres dévitalisées et sur les sols où il n’y a plus de vie. Si 11,7 % de la population mondiale restaure un carré de 100 mètres par 100 mètres, l’objectif est atteint.
La première méthode enseignée est une solution fondée sur la nature. Cette méthode Miyawaki tire son nom du docteur Akira Miyawaki, botaniste, qui l’a mise en œuvre sur 3000 chantiers à travers le monde pendant quarante ans. Je l’ai étudiée et mise en place durant mes formations. Il faut procéder en plusieurs étapes : la sensibilisation du public et la formation (gratuite en ligne et en autonomie) sur des méthodes de reforestation. Par la suite, les participants obtiennent un certificat interne qui permet d’avoir une certaine crédibilité lorsqu’ils vont communiquer sur leur projet de reboisement. Ils disposeront chacun d’un accompagnement de notre part pour leur initiative.
Qu’en est-il de l’association aujourd’hui ?
Je cherche aujourd’hui un terrain, dans la plaine de Perpignan (66), le but étant de mettre en œuvre la méthode du côté Méditerranée car, d’après le Giec, c’est ce type de climat qui va se généraliser dans toute la France d’ici 25 ans.
Lorsque j’aurai trouvé ce terrain, le siège de l’association y sera installé et nous pourrons aussi faire des formations pratiques de reboisement sur l’exploitation.
900M est en phase de création. L’année dernière, nous avons réalisé la première version de test concernant la formation en ligne. La version publique sera disponible en septembre. Comme tout est basé sur le bénévolat, les choses prennent du temps à se mettre en place mais nous souhaitons, à l’avenir, traduire nos formations en anglais, en espagnol puis dans d’autres langues, pour diffuser les savoirs. Le but ici est d’avoir un développement à l’international.
Lucie Ribaut
Sur la photo : Julien Garrigue devant le premier bosquet urbain toulousain, « la micro-foret des géants », planté il y a 3 ans avec des petits plants de seulement 20 cm environ. Cette revitalisation d’un terrain pauvre a été réalisée pendant la formation à la Méthode Miyawaki, avec l’association Toulouse en Transition. Crédit : Julien Garrigue.