
Quel est l’objectif du programme Smooth Mobility* ?
Jean-Marc Vayssouze-Faure : Il s’agit d’un programme européen, dont l’objectif global consiste à réduire l’utilisation de la voiture en proposant d’autres solutions de déplacement. Quatre territoires pilotes, Le Pays des vallons de Vilaine en Bretagne, Kaunas en Lituanie, Chypre et Cahors, ont été soutenus financièrement par l’Europe pour mettre en place ces solutions multimodales. Le colloque de clôture du projet, qui s’est tenu le 11 décembre, a été l’occasion de faire le point sur les expériences qui ont été menées sur ces territoires.
Pourquoi Cahors a-t-elle été désignée pour chapeauter l’ensemble du programme ?
Avant tout parce que nous avons témoigné de notre volontarisme et de notre capacité à concrétiser des projets de déplacements alternatifs à la voiture à l’échelle de notre ville. Ces réalisations constituaient une composante du projet de territoire. Engagée et impliquée, la collectivité a offert aux décideurs la crédibilité escomptée.
Pour accompagner ce mouvement, il a fallu installer des parkings et garages à vélos, à la gare et sur les parkings relais. Si vous utilisez votre voiture, vous vous garez sur ces parkings et pour relier le centre-ville, vous récupérez votre vélo avec une carte, ou une navette gratuite. Les chiffres de fréquentation sont considérables. L’objectif consiste à favoriser encore et toujours les changements de réflexes et de mentalités en matière de déplacements.

Quels retours avez-vous de la part des administrés ?
Aujourd’hui, le succès est là et progressivement ce service prend de l’ampleur. Nous avons accompagné cette opération vélo avec une aide à l’achat de vélos : en deux mois, 64 vélos ont été subventionnés par le grand Cahors. Nous avons également mis en place une aire de covoiturage pour limiter les déplacements isolés sur Montauban et sur Toulouse. Et dès juillet, la tarification des bus urbains sera de 1 euro par mois pour la majorité de la population. Il y a une tendance de fond, aujourd’hui, à repenser nos déplacements et trouver des alternatives à la voiture.
Comment des territoires avec des contraintes différentes peuvent réfléchir à un projet commun de transport ?
Le Pays des vallons de Vilaine a travaillé sur le transport à la demande, une composante difficile à optimiser sur Cahors. Il est intéressant de voir comment ils résolvent la complexité. La question de la sécurité des établissements scolaires à Chypre nous a aussi influencés. Nous avons réalisé une gare routière pour sécuriser les transports scolaires au sein de la ville. Cela a contribué à l’échange d’expériences et à la mise en commun de la réflexion. Cette démarche empirique et ce benchmarking permanent, à contraintes plus ou moins proches, constituent sans aucun doute un outil propice à la mise en œuvre de réponses efficientes et adaptées.
Quels sont les projets qui vont s’installer dans le temps ?
Les actions initiées vont se poursuivre et, compte tenu de leur pertinence, elles s’amplifieront. On s’aperçoit que les problématiques de flux automobiles, de stationnement et de sécurité des usagers sont autant d’enjeux partagés par nombre de territoire. Les contraintes énergétiques et la maîtrise de la consommation de l’espace obligeront à des changements de comportements. La place de la voiture dans les villes ne va pas disparaître. L’idée, c’est de préparer des alternatives cohérentes et complémentaires pour anticiper ces changements et, espérons-le, les susciter !
Propos recueillis par Virginie Mailles Viard
*Safety and mobility optimisation for sustainable transport and health
Sur la photo : Jean-Marc Vayssouze-Faure. DR.