Chauffer et climatiser le centre-ville grâce à la Méditerranée, c’est le pari ambitieux de la Grande-Motte qui souhaite suivre les traces de Marseille et de la Seyne-sur-Mer, en se lançant dans la thalassothermie. Ce système consiste à aller puiser les calories contenues dans l’eau de mer pour les transporter jusqu’aux installations de chauffage des habitations et commerces de proximité. Captée à six mètres de profondeur, l’eau est ensuite filtrée pour ne conserver que les calories et les frigories en fonction de la demande. De quoi alimenter entre 28 et 35 bâtiments sur le port et en centre-ville.
« La Grande-Motte a toujours eu une démarche en faveur de l’environnement. Nous avons travaillé avec l’Ademe pour réfléchir aux dispositions qui seraient fortement financées par l’État. Nous avons cherché à travailler sur le réseau de chaleur avec notre atout : la mer. Nous sommes donc allés voir ce qui se faisait ailleurs en France » explique Joëlle Jenin-Vignaud, adjointe au maire déléguée à l’environnement et au développement durable. Une étude de faisabilité réalisée par le cabinet d’ingénieurs-conseils Girus en 2016 a conclu sur l’intérêt technico-économique et écologique de réaliser un réseau de chaleur et/ou froid à partir d’une solution de thalassothermie par rapport aux autres solutions étudiées type solaire ou biomasse. De quoi réduire les factures énergétiques des consommateurs, en bénéficiant d’un système de chauffage non polluant. Selon l’édile, "pour un kilowattheure d’électricité utilisée, on obtient 4 kilowattheures de chauffage ou de climatisation chez les abonnés ».
50.000 tonnes d’émissions de CO2 économisées
Côté calendrier, les prochaines étapes se précisent. D’ici juillet 2018, un délégataire devrait être désigné via appel d’offre pour effectuer les études réglementaires sur l’impact environnemental. « Il faut notamment que l’on soit vigilant à ce que la variation de température de l’eau rejetée dans la mer ne dépasse pas six degrés. Les travaux devraient débuter fin 2019 », précise l’adjointe qui espère que ce procédé pourra également être étendu aux nouvelles constructions prévues sur le port et au quartier du couchant, soit mille logements de plus.
Le coût estimé de cette innovation s’élève à huit millions d’euros. « L’investissement devrait être financé à 60% par l’Ademe, notre partenaire, qui a déjà cofinancé l’étude de faisabilité. Nous déposerons également un dossier de financement auprès de la Région. D’autres financeurs comme le FEDER ou l’Agence de l’eau par exemple peuvent également s’inscrire dans le projet » précise Joëlle Jenin-Vignaud. Un projet qui devrait faire économiser 50.000 tonnes d’émissions de CO2 par an.
Coralie Pierre
PhotoRégis Mortier.