Si les installations solaires thermiques pour le chauffage de l’eau sanitaire et de l’habitat sont très en vogue dans d’autres pays européens comme le Danemark ou l’Allemagne, la France est à la traine. Et pourtant, selon David Strehaiano, directeur général d’HelioFrance, « les capteurs solaires sont quatre à cinq fois plus performants que le photovoltaïque pour chauffer l’eau. Et le choix du solaire thermique a une dimension sociale puisque le bénéfice sur les factures dans le logement social est directement perceptible par les habitants. »
Lancée en 2008, HelioFrance a choisi de ramer à contre courant de la vague actuelle du tout photovoltaïque en misant sur l’énergie renouvelable solaire thermique avec une vision industrielle locale. L’entreprise est fournisseur de capteurs solaires thermiques à destination des installateurs de bâtiments collectifs et vend des installations clés en main de chauffe eau solaire et capteurs pour les maisons individuelles. Le tout assemblé sur le site de production avec des matériaux sourcés le plus localement possible comme à Albi où l’entreprise achète ses cadres de capteurs en profil aluminium. L’audace de ce modèle a été salué ce lundi par Carole Delga en visite à Bérat : « Notre territoire possède un gisement solaire exceptionnel. Tout comme l’énergie photovoltaïque, le solaire thermique a un fort potentiel de croissance en Occitanie. Je souhaite que nous poursuivions et intensifions nos efforts afin que la Région accompagne cette filière grâce notamment à des appuis techniques et des aides financières. Je suis particulièrement sensible au développement des entreprises, qui, comme HelioFrance, produisent localement, créent des emplois et sont de véritables acteurs de la transition énergétique. »
Une nouvelle génération de chauffe eau solaire à haute performance
S’il est encore un peu tôt pour augurer de la rentabilité du modèle, Helio France entend relever le défi dans un environnement français où le solaire thermique est plutôt sinistré chez les décideurs et le grand public. Mais le vent pourrait tourner puisque le modèle est largement répandu en Allemagne et au Danemark sous forme de réseau de chaleur, et que les pouvoirs publiques semblent ouvrir les yeux. C’est en tous cas le pari pris par l’actionnaire de l’entreprise qui l’accompagne dans son développement depuis le début. Les trois ans à venir seront cruciaux puisqu’Hélio France compte s’imposer sur le marché et devenir un fournisseur de référence auprès des gros acteurs du secteur comme Atlantic grâce à son nouveau produit : un chauffe-eau solaire aussi performant qu’écologique issu d’une technologie nouvelle. « Nous avons conçu un cumulus en polyéthylène avec des capteurs d’eau chaude qui fonctionne à pression atmosphérique et sans glycol (ndlr : un composé très néfaste pour l’environnement très utilisé par la profession actuellement). Lorsque l’eau est chaude, le maintien de la température est optimum », précise David Strehaiano.
Les premières cuves seront livrées la semaine prochaine dans une version aboutie qui a nécessité trois ans de recherche et un investissement de près de 800.000 euros et Helio France prévoit d’investir deux millions d’euros encore pour intégrer progressivement toute la fabrication des cuves et des capteurs à Bérat. L’entreprise qui compte actuellement sept collaborateurs a réalisé en 2017 un chiffre d’affaire de 450.000 euros qu’elle compte multiplier par cinq sous trois ans. Objectif ensuite : devenir le premier fleuron industriel français dans le solaire thermique.
Aurélie de Varax
Sur la photo : l’équipe d’HelioFrance autour de Carole Delga lors de la présentation de son nouveau chauffe eau solaire à Bérat. Photo Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée – Lydie Lecarpentier.