Les stations de ski sont les premières concernées par les semences pyrénéennes Pyrégraine de néou. 80 % des terrassements effectués en montagne sont de leur fait. Pour aménager une piste, il faut détruire la végétation, puis revégétaliser afin d’obtenir une couverture qui protège et évite l’érosion des sols. Mais l’introduction d’espèces venues des plaines, pour ensemencer des sites aménagés en altitude, pose des problèmes d’érosion des sols et d’insertion dans les paysages.
C’est ainsi qu’est né le programme Ecovars, au sein du Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées. Grâce à lui, les aménageurs peuvent revégétaliser avec les semences de plantes d’origine pyrénéennes locales, via la marque Pyrégraine de néou. En 2015, sept chantiers ont été revégétalisés : cinq sur des stations de ski et deux sur des zones aménagés par EDF et par le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques. Le Conservatoire estime à 900 kilogrammes la production en 2016, et vise un objectif pour 2017 de plus de deux tonnes. La Pyrégraine de néou doit devenir en 2016 le point de départ d’une filière de commercialisation et de production.
Economie : Les plantes locales réduisent les coûts des travaux en montagne
Les plantes venues des plaines jaunissent en altitude puis disparaissent fragilisées par l’altitude et le froid. Les aménageurs doivent alors revégétaliser les sols plus souvent. Or comme l’explique Brice Dupin animateur du programme Ecovars, « plus la végétation est dense, plus elle accroche et maintient les sols. Les stations ont moins de problème de déformation des pistes, et moins besoin d’aller terrasser. C’est plus durable. Les couvertures herbacées implantées comportent une plus grande diversité de plantes. » Les collectivités locales voient dans les variétés locales l’avantage de ne pas avoir à multiplier les travaux en montagne : la revégétalisation de semences sauvages stabilise les talus routiers. Quant aux troupeaux en estive, ils ont moins de problèmes de digestion avec une ressource fourragère plus adaptée à leur métabolisme.
La chaine de production : le retour des semences est un retour à l’emploi
Ecovars anime les récoltes et les multiplications de semences des plantes grâce à une chaine de partenaires. Dont l’association Estivade d’Aspe Pyrénées qui fait de la réinsertion par l’emploi, et qui joue ici le rôle de pépinière de production de semences. Puis c’est au tour des agriculteurs-multiplicateurs de prendre le relais. Soutenu par l’Etat, l’Europe, les régions Aquitaine-Poitou-Charente-Limousin, LRMP, et le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantique, Ecovars est devenu un programme phare du Conservatoire. Et pas seulement pour les zones de montagne, comme le précise Brice Dupin. « Actuellement, la Fédération des Conservatoires botaniques nationaux anime un projet pour développer les productions et l’utilisation de végétaux d’origine locale, sur les diverses zones géographiques de France. Le label végétal local, permet ainsi aux producteurs de valoriser leur démarche. Il offre aux acheteurs une garantie sur l’origine du matériel végétal. »
Virginie Mailles Viard
Sur la photo : une photo de récolte de semences dans une prairie de montagne, réalisée à l’aide d’une brosseuse. Copyright Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées.
Établissement public local, le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées est un syndicat mixte géré par 5 collectivités territoriales : la Région Midi-Pyrénées, les Conseils généraux des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques, la Communauté de communes de la Haute-Bigorre, la Ville de Bagnères-de-Bigorre, avec le soutien de l’État et de l’Europe.