Amener directement chez les habitants les solutions de tri, de recyclage, de traitement des déchets, c’est sans aucun doute la clé du succès. Le SIEEOM - Syndicat Intercommunal d’Enlèvement et d’Elimination des Ordures Ménagères - Grisolles-Verdun dans le Tarn-et-Garonne, en a fait une profession exigeante, et un savoir-faire qui lui permettent aujourd’hui de sortir de son pré carré et de proposer à ses concitoyens des solutions originales, et simples. Les membres du jury ne s’y sont pas trompés. En leur accordant le prix de la collectivité responsable 2014, les étudiants en master développement durable de la Toulouse Business School, ont plébiscité une démarche qui promeut la diminution des déchets à portée de mains. Ou de becs.
L’animal consomme 150kg de déchets organiques par an
En 2012, le syndicat intercommunal propose aux habitants du territoire d’adopter des poules. L’animal est omnivore, consomme environ 150 kg de déchets organiques par an et son appétit vaut bien celui du composteur, avec l’odeur en moins, souligne Bénedicte Fourquet en charge du programme « Adoptez des poules ! » au SIEEOM. « Pour certaines personnes le composteur est un objet qui n’est pas esthétique, qui dégage des odeurs désagréables. Elles ont donc été attirées par cette alternative. » L’autre intérêt pour le SIEEOM, c’est que contrairement au composteur qui peut rester en sommeil quelques semaines, la poule elle doit être nourrie chaque jour. Un appétit qui permet d’envisager une sérieuse réduction des déchets. « Dans le cadre du programme de prévention des déchets, nous avions comme objectif de diminuer de 7% la quantité des déchets d’ici 2016, ce qui correspond à 26kg par habitant. Le résultat a été atteint à mi-chemin. » De surcroît les gallinacés sont friands de crevettes, que le composteur boude. Et, mieux elles sont nourries, plus elles pondent. En moyenne 200 oeufs par an. Là encore le composteur perd une manche.
« Le prix de la collectivité responsable 2014 donne un sens à ce que l’on fait »
Mais encore faut-il être en zone rurale ou semi-rurale. Ce qui est le cas à Grisolles-Verdun où 90% des habitants ont un jardin. A la lecture du bulletin du SIEEOM qui annonçait l’opération d’adoption des poules, même les moins avertis sur le sujet ont donc sauté le pas. « Beaucoup de gens y pensaient, mais n’osaient pas. Par manque de connaissance. Dans le contrat d’adoption qu’ils signent lors de l’achat - Les prix sont attractifs, 5€ les deux poules de 5 semaines et 15€ les deux poules de 20 semaines. - ils ont des conseils d’élevage. » Le SIEEOM a vendu en 2013, 496 poules qui ont éliminé 64 tonnes de déchets. « Les 248 foyers du territoire qui se sont inscrits ont adopté 496 poules (dont l’EHPAD de Verdun). Soit un coût d’achat des poules de 4 060 €. La vente des poules a permis d’avoir une recette de 3 090 €. Ainsi, il reste à la charge du SIEEOM : 970 €. »
Une réussite, couronnée par un prix, qui donne une autre image du SIEEOM estime Bénedicte Fourquet.« Le prix de la collectivité responsable 2014 décerné par TBS, nous apporte de la reconnaissance, et donne un sens à ce que l’on fait. Certains étaient sceptiques sur ce projet, ce prix nous conforte dans nos actions, et montre que nous pouvons aller au delà de nos missions premières que sont la collecte et la traite des déchets. »
Virginie Mailles Viard