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Gaspillage alimentaire : le débat de l’Arpe à Albi

2014 est l’année européenne de lutte contre le gaspillage alimentaire. C’est également l’année où l’Europe cesse de verser l’aide alimentaire aux plus démunis. Le témoignage de Christian Brunet, président de l’épicerie sociale d’Albi.

Quatre-vingt pour cent des denrées distribuées par la banque alimentaire provient de la dotation européenne, et de la collecte nationale. Ces aliments arrivent dans différents lieux destinés au plus démunis. L’un d’entre eux est l’épicerie sociale et solidaire d’Albi, dirigée par Christian Brunet.

Créée il y a 10 ans par les efforts communs de la Croix Rouge, du Secours Catholique et de la Société de Saint-Vincent de Paul, elle fait travailler une trentaine de personnes, toutes volontaires. Le plus souvent des retraités, mais Christian Brunet accepte avec soulagement le désir de jeunes bénéficiaires de venir donner un coup de main. « Les charges à soulever sont lourdes, vider les camions le matin, porter des cartons, nécessite une forme physique que n’ont plus la plupart de nos bénévoles. » Pour Christian Brunet, le gaspillage alimentaire est une réalité qui transite par l’épicerie sociale. Certaines grandes surfaces donnent chaque semaine des produits qui arrivent à expiration. « Le Leclerc de Gaillac est très généreux, mais ce n’est pas le cas de toutes les grandes surfaces. Les boulangers nous donnent eux le pain de la veille qu’ils n’ont pas vendu. D’autres préfèrent incinérer que donner. Ils sont coincés par ces produits, et la loi leur impose une date limite de vente, soit trois jours pour les donner. »

2014 : la fin du programme européen d’aide aux plus démunis

L’épicerie sociale, elle, ne détruit pas. De 14 heures à 17 heures, tous les jours de la semaine, elle distribue ces denrées, et ce qui n’est pas parti revient aux bénévoles. Mais les bénéficiaires prioritaires, ce sont les familles. « Ce sont les assistantes sociales qui estiment si leur situation leur permet de bénéficier de l’épicerie sociale. Elles leurs délivrent une carte d’ayant-droit. En 2013, 850 familles sont venues. Mais nous n’arrivons pas à écouler certains produits, comme le jambon, ou les plats cuisinés qui contiennent de la gélatine. Une grande partie de nos bénéficiaires est une population issue de l’immigration, qui refuse les dons à base de porc. On a du mal à remplir leur caddie. » La particularité de l’épicerie sociale, repose sur le geste symbolique que font les familles. Elles versent 10% de la somme - sur des produits dont les prix varient entre 1 et 5 euros - « dans un souci pédagogique », explique Christian Brunet. « Pour que les familles ne s’estiment pas totalement assistées, qu’elles aient une image valorisée de leur démarche. »

Mais l’épée de Damoclès, annoncée depuis 2012, n’est pas loin de faire tomber l’un des derniers bastions de l’aide sociale. Le programme européen d’aide aux plus démunis, le PEAD conçu par Jacques Delors en 1987, est remis en cause. L’aide alimentaire, alors basée sur les surplus de production de la PAC - la politique agricole commune - doit cesser en 2014. Une situation inquiétante pour l’épicerie. « Voire catastrophique. Nous ne pourrons pas tenir longtemps sans le fond européen. »
Virginie Mailles Viard

Sur la photo Christian Brunet, président de l’épicerie sociale d’Albi.

Retrouvez le programme du petit-déjeuner/ débat : http://www.arpe-mip.com/actualites-2/petit-dejeuner-gaspillage-alimentaire-130514

 Solutions pour limiter le gaspillage alimentaire.
Témoignages d’acteurs.
le mardi 13 mai, de 9h à 11h à l’Université Jean-François Champollion d’Albi

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Source : https://www.touleco-green.fr/Gaspillage-alimentaire-le-debat-de-l-Arpe-a-Albi,13546