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Edencolor voit la vie en vert

La société toulousaine Edencolor commercialise un colorant pour végétaux. Peindre son gazon ? Bien que l’idée puisse sembler fantasque, voire choquante, la demande existe et augmente avec l’intensification de la sécheresse car les alternatives à l’arrosage ne sont pas légion.

« Pas question de cacher la misère », diront certains. Mais pour d’autres, la verdure n’est pas une option : dans les espaces verts municipaux ou les stades, la pelouse se doit d’être impeccable. Avec sa « peinture pour herbe » Vegetal Color, l’entreprise toulousaine Edencolor surfe sur cette vague verte. Bertran Brasselet, directeur commercial, vise 120.000 euros de chiffre d’affaires cette année, 20 % de plus qu’en 2022.

« C’est avant tout un produit de réparation esthétique qui n’abîme ni la plante ni les sols », explique le responsable. Disponible en deux teintes, sobrement nommées « vert » et « vert foncé », le colorant s’applique à tous les végétaux. Les deux couleurs peuvent être mélangées pour obtenir la nuance parfaite pour son gazon, sa haie ou encore son palmier.

Le colorant sera bientôt distribué dans les jardineries Truffaut. Pour le moment, il est uniquement vendu en ligne, 85 euros pour un litre de concentré à diluer puis pulvériser. « Un litre de produit mélangé à 8 litres d’eau permet de couvrir jusqu’à 200m2 de gazon », indique le site, qui précise également que la solution est simple d’application et résiste aux intempéries. Aussi facile que d’aller chez le coiffeur… avec les mêmes contraintes. La repousse ! « Quand les racines apparaissent, il est temps de refaire la coloration ou de passer la tondeuse », s’amuse Bertran Brasselet.

Green ou greenwashing ?

La clientèle s’articule principalement entre les collectivités, les clubs sportifs et les paysagistes. Plus rares sont les particuliers, « sauf sur la Côte d’Azur, où les jardins sont grands et les amendes en période de restriction d’eau nombreuses », précise Bertran Brasselet.

Les collectivités tardent à passer le cap, par peur du qu’en-dira-t-on. Le produit leur donne pourtant une possibilité de mieux maîtriser la ressource en eau pendant les mois les plus secs et offre une alternative à l’arrosage, interdit, limité ou parfois impossible. Comme à Béziers : ces deux dernières années, la municipalité a fait appel à Edencolor pour ses décorations estivales. Et même si la mairie avoue que le service n’était « pas donné », elle se réjouit d’avoir pu utiliser une solution d’appoint « bénéfique pour le végétal » et « répondant à un vrai besoin ». Elle envisage d’étendre son utilisation aux espaces verts… mais uniquement si aucune autre solution n’est possible, par exemple en cas de restriction d’eau durable.

Le colorant est pulvérisé directement sur l’herbe ou les végétaux
Edencolor

Pour le moment, la principale source de clients est le monde sportif. Le produit est appliqué régulièrement dans les stades de football ou de rugby, notamment pendant les phases finales de Top 14 et Pro D2. Christophe Gestain, référent terrains auprès de la LNR et de la FFR, ne s’en cache pas, il prescrit fréquemment le colorant depuis 2015 aux intendants des clubs. « Les économies d’eau, ça fait longtemps qu’on les a faites. Le produit nous sert plutôt à améliorer l’aspect esthétique, masquer des imperfections ou encore effacer les lignes de jeu d’un autre sport » explique-t-il. Du maquillage certes, mais « naturel et vertueux ». « Le produit agit vite et fonctionne même sur un gazon fortement grillé », ajoute l’expert. C’est souvent la solution de la dernière chance quand une pelouse se meurt, brûlée ou brunie par la pyriculariose du gazon. Cette maladie fongique, autre fléau apporté par le réchauffement climatique, fait chaque année plus de dégâts.

Bientôt Made in France

Vegetal Color a été testé par le laboratoire LaboSport, français et indépendant, au stade de Colomiers dans les conditions réelles. En plus des économies d’eau, l’entreprise assure que le produit, sans danger, améliore même la photosynthèse. « À part l’eau, le produit est composé de pigments végétaux à base d’algues et de conservateurs utilisés dans les industries cosmétique, agroalimentaire et pharmaceutique », explique Bertran Brasselet.

Le directeur projette d’ouvrir un site de stockage en Haute-Garonne, « probablement à Lavaur ou à Carbonne, d’ici la fin de l’année », détaille-t-il. En 2024, cet entrepôt devrait devenir usine avec le transfert de la production, à ce jour installée aux États-Unis. Enfin, avec une nouvelle marque baptisée Komodo, l’entreprise veut s’attaquer à un autre fléau lié à la sécheresse : les incendies. Le produit, un retardant-feu incolore dont le lancement est prévu cet été, pourra lui aussi être appliqué sur tous les végétaux.
Marie-Dominique Lacour

Sur les photos : Bertran Brasselet. Crédit : Hélène Ressayres - ToulÉco. // Le colorant peut se vaporiser directement sur le gazon. Crédit : Edencolor

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Source : https://www.touleco-green.fr/Edencolor-voit-la-vie-en-vert,38401