Quel est le point commun entre le parc de la Courneuve Georges Valbon, le stadium VTT trial d’Epône, dans les Yvelines, et l’œuvre de land art monumentale d’Antoine Grumbach, « Les Yeux du ciel », située à proximité des pistes de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle ?
Créés de toutes pièces, ces trois sites ont été modelés à l’aide de terres excavées inertes, c’est-à-dire non polluées, issues de chantiers de construction valorisées par ECT pour faire d’anciennes friches ou de zones délaissées de nouveaux espaces de nature, de sport ou de loisirs. Depuis sa création en 1997, ce groupe francilien basé à Villeneuve-sous-Dammartin, en Seine-et-Marne, a signé une quarantaine de réalisations pour le compte de collectivités dans une démarche d’économie circulaire, et sans coût pour ces acteurs publics.
« Tout commence par une rencontre avec les collectivités qui souhaitent utiliser un terrain pour un projet d’aménagement non-bâti. Nous construisons le projet avec elles et, une fois que les autorisations d’urbanisme et préfectorales ont été obtenues, nous allons voir les chantiers de BTP en cours. Nous proposons aux terrassiers qui souhaitent se débarrasser de leurs terres excédentaires inertes, de les gérer. Ils vont nous rémunérer afin que nous les recevions sur le site et c’est ce qui va permettre un autofinancement à 100 % du projet », explique Julien Golaszewski, directeur-adjoint du développement d’ECT. Dans une logique durable, la matière première, réceptionnée pour « quelques euros la tonne », provient de chantiers de BTP situés en moyenne à 30 km du site à aménager.
Un potentiel de 8 millions de tonnes en Occitanie
Pour justifier son rang de « leader » en France, ECT s’appuie sur les 10 à 15 millions de tonnes qu’il traite chaque année sur les 25 millions de tonnes générées en Ile-de-France. Après s’être doté d’une agence régionale dans les Hauts-de-France il y a un an et demi, puis à Strasbourg en 2023, le groupe a ouvert en mai une troisième implantation à Toulouse. Elle est dirigée par Anne Mondy qui, après plus de vingt ans de carrière dans la promotion immobilière, d’abord chez Monné-Decroix puis au sein du groupe Crédit Agricole Immobilier, vient d’intégrer ECT comme directrice du développement Occitanie.
« L’objectif est de dupliquer le modèle déployé par le groupe en Occitanie, en allant à la rencontre des collectivités et des aménageurs. Nous ciblons la Haute-Garonne mais aussi l’Hérault, autour de la métropole de Montpellier », explique Anne Mondy, qui compte sur un gisement local de terres excavées provenant de la construction et des travaux d’infrastructures à 8 millions de tonnes par an. La ville de Bordeaux devrait être la prochaine étape de la stratégie de développement national amorcée en 2022 par ECT, qui affichait alors un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros.
Le groupe est également présent en Allemagne, près de Berlin, et en Californie où il se développe sous la marque Landify. Détenu en majorité par Chequers Capital jusqu’en octobre 2022, ECT a depuis rejoint le giron belge de la famille Frère, à travers la Compagnie nationale à portefeuille (CNP) et Sienna Private Equity, filiale de gestion d’actifs du Groupe Bruxelles Lambert (GBL). Pour mémoire, la société belge d’investissement CNP est aussi depuis 2020 l’actionnaire majoritaire de la pépite toulousaine CLS, fournisseur de services satellitaires dédiés à l’observation de la Terre.
Johanna Decorse
Sur la photo : À Villeneuve-sous-Dammartin, dans l’axe des pistes de Roissy, sur son plus grand site de réutilisation et de valorisation de terres excavées, ECT a fait appel à l’architecte Antoine Grumbach pour imaginer un parc formé par deux yeux de 400 mètres de long. Pour le premier œil, les travaux de terrassement conduits avec des terres excavés provenant de différents chantiers d’Île-de-France ont commencé en avril 2022 et ses plantations se sont achevées en mars 2023. Crédit : ECT. // Le groupe ECT valorise chaque année entre 10 à 15 millions de tonnes de terres excavées inerte. Crédit : Pierre Charlier.
