
D’une surface de 350.000 m², l’usine Clément Ader d’Airbus, qui assemble l’A330, l’A340 et l’A350, est chauffée à 60% par deux chaudière biomasse de 12 mégawatts. Elles produisent 52.000 mégawatts-heure et sont alimentées par 22.000 tonnes de bois par an. Ce bois provient de la coopérative forestière Cofogar, certifiée PEFC (label de gestion durable des forêts), qui a levé pour cette mission 1 million d’euros. Le combustible, composé de plaquettes forestières issues de forêts gérées durablement, est accompagné de l’intégralité des déchets de bois d’Airbus. 70% des plaquettes utilisées sur le site Clément Ader sont issues des forêts locales, mais aussi d’eucalyptus et de robinier, des arbres à croissance rapide, spécialement plantés pour la production de biomasse bois-énergie. Les 30 % restant sont des sous-produits de l’industrie locale du bois. Les cendres seront recyclées dans de l’épandage agricole.
Les retombées sont à la fois économiques, politiques et environnementales. En se dotant de ces deux chaudières, le site Airbus, soumis à la directive européenne sur les quotas de CO², économise sur la taxe liée à ces émissions. Cette énergie décarbonée évitera la production de 12.000 tonnes de CO² par an, qui seront eux capitalisés en crédits carbone. Enfin, en se tournant vers un combustible local, Airbus s’écarte des aléas géopolitiques sur une énergie fossile, son stock de gaz provenant de l’étranger. L’avionneur réalise également des économies substantielles, le prix du gaz étant deux fois plus élevé que celui du bois-énergie. Le coût global de l’opération est de 8 millions d’euros, dont 40% subventionnés par le Fonds chaleur renouvelable de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).
Virginie Mailles Viard
Et aussi...
L’A350 consomme moins de carburant
L’A350 va consomme 25 % de carburant en moins par rapport aux modèles actuels, grâce notamment à l’utilisation de matériaux composites, dont 53 % de carbone. C’est à Toulouse-Colomiers que l’on assemble les pièces produites en Allemagne, au Royaume-Uni et en Espagne. Le toit de l’usine d’assemblage de l’A350 est doté de 22.000 m² de panneaux photovoltaïques qui couvriront la moitié de sa consommation électrique.Une spécificité française : le Corac
Une croissance neutre d’ici 2020 passe par des avions plus performants, une amélioration de la capacité de gestion du ciel aérien, et l’introduction de biofuels. Ces trois piliers sont repris en France à travers le Corac, le Conseil pour la recherche aéronautique civile qui a défini des objectifs technologiques à atteindre d’ici 2020. Ils doivent permettre de réduire les émissions de CO² de 50%, de 80% les émissions d’oxydes d’azote, et un niveau de bruit perçu de 50% moins important.Le Jatropha en question
Le 1er juillet 2011, les biocarburants à base d’esters et d’acides gras hydrotraités (HEFA) ont été officiellement approuvés, permettant le lancement par Lufthansa des premiers vols passagers quotidiens au monde sur un A321 dont un réacteur est alimenté à 50% par un biocarburant à base de Jatropha, une plante de l’hémisphère Sud. Mais sa production est très controversée.