C’est une première mondiale made in Tarn et Garonne. La start-up Cellulopack lance la première barquette alimentaire compostable d’ici la fin de l’année. La cellulose est issue de vieux papiers, journaux et cartons récupérés à proximité immédiate et mélangés à de l’eau. Elle se dégrade totalement en quelques semaines. Cellulopack fait partie des acteurs pionniers de l’économie circulaire dont le modèle économique mise sur l’innovation dans la logique des trois « R » : Réduire l’usage de matière, la Recycler, la Réutiliser. Longtemps perçue comme une utopie, cette alternative économique apparait aujourd’hui comme une réponse efficace et durable à l’enjeu de la protection des ressources et face à la démographie galopante. Avec à la clé, la promesse de la sacro-sainte croissance.
Selon la Fondation Ellen Mac Arthur, 100 milliards de dollars d’économie pourraient être générés par l’économie circulaire en France, c’est plus de sept fois le déficit français. Et l’Ademe communique sur un potentiel de 300.000 à 400.000 emplois. Mais cette opportunité nécessite d’innover pour trouver les solutions techniquement, écologiquement et financièrement pertinentes et de penser le développement des territoires dans une approche concertée entre acteurs, au-delà des clivages de filières et d’usage. C’est donc une révolution dans les flux de matières et les partenariats inter-entreprises qui se prépare derrière ce concept que d’aucuns qualifient de seul modèle de développement économique durable.
Mobilisation des acteurs en Midi-Pyrénées
Pour embrasser le poids économique de l’économie circulaire en Midi-Pyrénées, il faudrait prendre en compte la question des déchets, lui additionner l’écologie industrielle (la cogénération par exemple) mais aussi les projets agroalimentaires avec la biomasse et la méthanisation, sur lesquels la Région est très engagée. Aucune données consolidée n’est disponible actuellement car le domaine de l’économie circulaire est en pleine structuration. « Le terme est apparu il y a 20 ans mais on en parle seulement depuis quatre ans », souligne Berbard Storup, président de Biovallée Lauragais qui organisait début octobre les 2ème Rencontres régionales de l’économie circulaire. « Contrairement à L’Allemagne les Pays-Bas et surtout la Chine, la France n’a pas encore dégagé de lignes directrices fortes sur cette économie. » L’Allemagne a défini un programme national sur l’utilisation efficace des ressources. La Chine s’est dotée en 2008 d’une loi de promotion sur l’économie circulaire et vient d’amorcer une expérimentation à l’échelle de cent villes du pays.
Si la France se distingue en matière d’écologie industrielle, l’économie circulaire vient tout juste d’être inscrite dans le projet de loi sur la transition énergétique. Et le très attendu rapport de Jean-Claude Lévy, historien spécialiste de l’économie circulaire et chargé de mission auprès du ministère de l’Écologie, devrait être prochainement remis, avec à la clé des lignes directrices et des propositions de mesures incitatives, notamment dans le domaine fiscal. En attendant que Midi-Pyrénées dessine les contours de son schéma territorial de l’économie circulaire, les acteurs du territoire innovent, à commencer sur les trois filières économiques majeurs de la Région que sont le BTP, l’aéronautique et l’agriculture. Les banques peuvent se préparer à l’émergence de projets nouveaux. Souhaitons qu’elles réussissent à accompagner les promesses de la nécessaire transition énergétique.
Aurélie de Varax
Sur la photo : recyclage de granulat sur le site de Cemex à Roques-sur-Garonne. Photo Hélène Ressayres pour ToulÉco.