Les contraintes sont exigentes et le modèle difficile à construire. "Il faut assurer l’organisation du circuit dans des délais acceptables, en prenant en compte la diversité, la qualité et gérer la chaine du froid." souligne Pascal Augier. Il faut aussi trouver les lieux de mise en relation en quantité, volume et régularité. Enfin, "les exigences du circuit court conduisent à développer le travail sur l’exploitation car il faut souvent se doter d’un atelier de transformation des produits et prévoir de la main d’oeuvre", détaille Philippe Everlet, responsable du pôle circuits courts à la Chambre d’agriculture du Gers. Sans oublier la concurrence parfois féroce.
Les plateformes locales en circuit court sont en concurrence avec des opérateurs bien implantés sur le territoire qui livrent en "circuit de proximité." Comme Sodeco, dans le Gers en capacité de fournir en viande toutes les cantines du territoires, soit 60% des achats. Neanmoins les collectivités sont demandeuses, les agriculteurs sont volontaires et certains projets prouvent que le modèle peut tenir la route.
Un pour tous, tous pour un
Produit sur son 31 est une association qui regroupe 85 agriculteurs de Haute-Garonne qui ont trouvé là un îlot de sécurité face à la variation et à la volatilité des prix sur les marchés nationaux et internationaux. La crise du prix sur les bovins en 2008 a poussé les fermiers à se recentrer sur une structure locale. La chambre d’agriculture de Haute-Garonne a donc crée en 2012 l’outil de commercialisation qui permet de « conserver un maximum de la rémunération au producteur ».
Une opération rendue possible par le rétrécissement du nombre d’intermédiaires et la transformation des produits réalisée sur les exploitations adhérentes, comme l’explique Etienne Sassé en charge de Produit sur son 31. « Nos productions sont consommables en l’état. Fromages affinés, yaourts, épicerie, viandes, fruits et légumes proviennent de la majorité du département. »
Des enjeux économiques et écologiques
Cette production très diversifiée a trouvé preneurs auprès des collectivités, des magasins, des épiceries, des entreprises, des traiteurs. Produit sur son 31 rempli là son principal métier, celui de créer un lien direct et d’être l’interlocuteur unique, à même de distribuer une grande variété de produits locaux. Les enjeux sont économiques, avec une réelle économie d’échelle, puisque le coût du transport est mutualisé, avec un bilan carbone performant. Ils sont écologiques, puisque sont distribués les produits de saison. Enfin, l’association permet de pérenniser des exploitations anciennes, et de soutenir les nouveaux venus.
Et, face à l’offre, la demande est là. Produit sur son 31, à l’interface de ces deux mondes, est au bon endroit, au bon moment, témoigne Etienne Sassé. « On rebondit sur un phénomène récent, et on profite de cette attention du consommateur sur ce sujet du circuit court. C’est une vraie lame de fond. Il nous faut répondre à cette attente. Mais nous ne représentons qu’une partie de la consommation globale, il nous faut agrandir cette portion. Nous n’avons qu’un an et demi d’existence, et beaucoup de projets pour soutenir les filières. »
Virginie Mailles Viard et Aurélie de Varax
Sur la photo : le marché de producteurs locaux de Revel. Photo Hélène Ressayres.
Produit sur son 31, en chiffres :
210 000 € CA en 2012
450 000 € CA en 2013
700 000 € CA en prévision pour 2014
La plateforme compte 2 salariés.
Le conseil d’administration de l’association est composé de 5 élus de la chambre d’agriculture et de 10 agriculteurs de Haute-Garonne. Le Président est Mr Serge Bouscatel.