C’est une première : à Roquefort-des-Corbières, situé dans l’Aude, 16 hectares de vignes ont pu être irrigués l’été dernier grâce aux eaux usées de la station d’épuration de la commune. Les vignobles de Roquefort-des-Corbières n’ont pas été choisis au hasard, comme l’explique Lilian Copovi, président de la cave coopérative de Cap Leucate. « L’entreprise BRL ingénierie a remporté un appel à projets de l’Agence de l’eau Sud de France. Ils sont venus nous rencontrer car ils ont su que nous œuvrions déjà dans ce sens ».
Ce projet pilote est pour Lilian Copovi une solution pour lutter contre le réchauffement climatique. « Nous sommes dans la région la plus aride de France. Nous voyons toutes les difficultés qu’ont les vignerons autour de nous. Cet été encore, nous avons connu des périodes de canicule très contraignantes. Mais nous avons échappé aux restrictions d’eau grâce à l’utilisation d’eaux usées. La résistance de nos ceps a été meilleure », se félicite le président
Convaincre les collectivités
L’expérimentation a débuté en 2018. Seule une partie des 16 hectares sont alors testés. « Nous voulions nous assurer qu’il n’y aurait aucun résidu et que ces eaux usées traitées pouvaient être utilisées en irrigation de la vigne ». Les résultats sont probants. Le projet est alors étendu en 2019. « Nous avons utilisé un système de micro-irrigation. 500 m3/h sont nécessaires pour irriguer ces 16 hectares », précise Lilian Copovi. Coût du projet : 480.000 euros, cofinancé à 50% par l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse et par BRL exploitation, également appuyée par le Grand Narbonne et de l’Institut Français de la Vigne et du Vin.
« C’est un projet onéreux. Les investissements pour traiter les eaux usées et l’acheminement vers les vignobles sont conséquents ». Une opération gagnante pour les onze viticulteurs, qui n’ont participé qu’au financement du foncier pour accueillir le bassin de stockage (250€ par hectare et par vignerons). « Nous avons obtenu en 2019 des résultats probants. Le rendement des vignes est meilleur ».
Le projet est donc reconduit pour 2020, mais le président veut voir plus loin. « Nous lançons une nouvelle expérimentation avec Véolia sur une autre station d’épuration. Nous voulons sensibiliser les élus au fait qu’il faut investir sur des stations d’épuration près des vignobles. Cela a un coût, mais dans une région à la population croissante, c’est une ressource d’avenir ».
Coralie Pierre
Sur la photo : l’expérimentation est reconduite pour la troisième année consécutive, en attendant d’être étendue. Crédits : DR.