
Grâce à deux entreprises de la région toulousaine, le rhizome asiatique est attendu de pied ferme en terre landaise. 90.000 mètres carrés d’ombrières photovoltaïques couvriront les graines du ginseng jusqu’à maturation. Soit quatre années pour cette plante exigeante, qui ne pousse pas au soleil. De fait, le climat régional n’est pas propice à son éclosion, il lui faut donc terrain et toiture sur-mesure, ombre et étanchéité. Ce qui, combinés, représentent des coûts impossibles à assumer pour les agriculteurs.
C’est là où le photovoltaïque a un rôle à jouer : dans le cas de la ferme de Rion-des-Landes (40), Solveo Energie, basée à Fenouillet près de Toulouse, construit la ferme, et reverse les revenus solaires sous forme de loyers à l’agriculture. « C’est intéressant pour la filière agricole qui a besoin de surface », précise Philippe Pra, directeur commercial de Solveo Energie. « En 2010, France Ginseng basée à Seysses, (dans la région toulousaine, ndlr) a commencé l’aventure avec Solveo, date à laquelle nous avons inauguré la première ferme solaire française de ginseng. »
Un boulevard semblait alors s’ouvrir pour cette nouvelle filière agricole, appuyée cette même année par l’Établissement national des produits de l’agriculture et de la mer (France Agrimer) qui confirmait « l’opportunité de mettre en place une production française de ginseng à destination du marché européen ». La démarche avait d’ailleurs été labellisée par le pôle de compétitivité Agrimip Innovation Sud-Ouest, et soutenue par la directive du Grenelle qui voyait d’un bon œil l’alliance des énergies renouvelables et de l’agriculture. Mais la baisse des tarifs de rachat d’EDF et le moratoire du précédent gouvernement sur le photovoltaïque allaient geler sur pieds l’aventure française du ginseng.
La naissance d’une filière agricole ?

Pour autant, le faible pouls de la filière photovoltaïque n’a pas stoppé les projets conjoints de Solveo et France Ginseng. Aux 32.000m² de la ferme de Seysses, ont succédé les trois hectares de celle de Bellegarde (Gard), puis les neuf hectares de Rion-des-Landes « Pour financer ce projet, la société a équipé la toiture de 36.900 panneaux photovoltaïques », explique la direction de Solveo. Le site devrait produire l’équivalent de la consommation électrique de 4000 foyers. »
Pour Jean-Lionel Vergez, responsable opérationnel de France Ginseng, premier producteur de ginseng en France, le rapprochement entre les énergies renouvelables et l’agriculture est la condition sine qua non de la réussite du projet : « Dans l’agriculture, on ne maîtrise pas le climat, ni l’adaptation d’une plante dans un environnement différent de celui où elle a l’habitude de pousser. On s’est dirigés vers une plante de sous-bois, qui avait déjà été essayée en production en France, et pour laquelle on avait eu des résultats agronomiques. Mais la mise en place d’ombrières normales représentent des sommes qui peuvent aller jusqu’à 50 % du coût de revient du produit, ce qui est colossal. La filière photovoltaïque nous permet d’avoir des ombrières gratuites, puisque l’opérateur s’autofinance par l’énergie photovoltaïque. »
Une centaine d’ouvriers a travaillé six mois durant sur ce chantier gigantesque, dont la performance tient dans cette toiture, couvrant d’un seul tenant les 9 hectares de culture. Pour un coût de 30 millions d’euros. Alors que la production de Seysses est estimée à 1,5 tonne de racine, le site de Rion-des-Landes doit quant à lui en produire 6 tonnes. Jusque-là récolté exclusivement en Asie et au Canada, situé dorénavant à proximité des sites de Pierre Fabre, Diététique Center, ou encore Gerblé, le ginseng made in France a de sérieux débouchés devant lui.
Virginie Mailles Viard
Sur les photos : La ferme solaire de Rions-les-Landes qui va abriter 9 hectares et culture de ginseng, et Philippe Pra, directeur commercial de Solveo Energie. Crédits : DR.