C’est un parcours de longue haleine mais c’est une solution efficace pour maitriser la quantité des ordures ménagères. Inscrite dans les objectifs de la loi de transition énergétique qui prévoit sa généralisation d’ici 2025, la tarification incitative sur les déchets fait des émules en Occitanie. Elle est déjà en place dans l’Hérault au sein des Communauté de Communes du Pays de Lunel et de Minervois Saint-Panais Orb Jaur, ainsi qu’en Haute-Garonne sur le territoire du Sicoval. Fort de ses trente-six communes et plus de 72.000 habitants, l’intercommunalité du Sud-Est toulousain a présenté mardi des résultats très encourageants, à l’occasion d’une journée thématique sur le sujet, organisée à Belberaud.
« Le principe est celui du pollueur-payeur. Le tarif définit une partie fixe qui comprend l’accès au service. Ensuite nous avons attribué une partie incitative sur la consommation du service : moins vous présentez votre bac d’ordures ménagères à la collecte, moins vous payez » a précisé Georges Saleil, vice-président du Sicoval en charge de la Politique de gestion des déchets. Ce dernier a porté ce projet en pionnier dès 2008, afin de faire face à une augmentation des coûts de collecte et de traitement des déchets dans les communes du territoire. Et ce, malgré la mise en place d’une politique incitative en faveur du tri et du compostage.
Un an après l’entrée en vigueur de la nouvelle tarification, la quantité d’ordures ménagères par habitants a fondu de 24 kilogrammes en un an, soit 12%. « Nous devons cette réussite aux efforts continus des agents sur le terrain pour informer et convaincre les usagers pendant deux ans, et à l’accompagnement de Suez », a souligné Georges Saleil. L’entreprise qui est l’opérateur de la collecte des déchets sur le territoire, a notamment détaché un collaborateur à plein temps pour accompagner le projet. Selon Jean-Christophe Didio, directeur délégué Territorial Suez Région Méditerranée, « chaque territoire a ses propres problématiques qui doivent être traitées avec une réponse sur-mesure et évolutive dans le temps. »
Plus de 60% des factures en baisse
Dès 2008, les bacs avaient été équipés de puces électroniques. Selon les recommandations de l’Ademe qui a aussi accompagner financièrement le projet, le Sicoval a ensuite procédé par étapes. Une enquête en 2013 a permis d’informer les usagers, de référencer les bacs et de proposer des systèmes de verrous et balises. De quoi éviter le remplissage sauvage et donner la possibilité de la non-collecte du bac. Une phase d’expérimentation a ensuite été lancée en 2015 via l’envoi deux factures simulée. Sur le terrain, vingt-deux réunions publiques ont été planifiées dans les communes. Les élus et les agents se sont mobilisés et un groupe de travail spécifique a été mis en place pour les 30% d’habitants en résidences collectives. « Notre défi sur cette cible était d’aider les gestionnaires de résidences à trouver un mode de répartition équitable de la redevance incitative entre les habitants », a précisé Elodie Delmas-Malfère, responsable du Pôle Déchets.
Aujourd’hui la hotline n’est plus assaillie par les mécontents mais par des habitants soucieux de s’approprier le service. « Plus de 60% de nos usagers ont vu leur facture baisser. Nous allons maintenant nous occuper des autres », précise Gorges Saleil. Un groupe de travail est actuellement en cours de constitution pour accompagner les professionnels. Si Elodie Delmas ne cache pas que cette mise en place a énormément mobilisé ses équipes, les résultats sont aujourd’hui à la hauteur de l’enjeu et certaines idées reçues ont fait long feu : « On nous avait prédit des tonnes de déchets sauvages. Ce n’est pas le cas ». En prévention, des bacs de collectes supplémentaires ont été installés dans les communes.
Fort de l’expérience du Sicoval, d’autres territoires préparent leur transition, à commencer par le Grand Tarbes et la communauté de Communes de Castres Mazamet.
Aurélie de Varax
Photo Vincent Laratta pour le Sicoval.
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