Daniel Luciani, pouvez-vous nous présenter Lucid ?
Lucid, c’est la transformation d’Icom 21, filiale née en 2013, de mon agence de communication responsable Icom. La structure juridique reste la même. L’objectif est de me départir de l’aspect communication. Depuis plusieurs années, je souhaite changer de métier pour accompagner la transformation des entreprises en termes de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Ce nouveau nom, c’est aussi une manière de tourner la page après la période difficile qu’Icom a traversé à la suite de l’escroquerie de l’une de nos salariées en 2017. Ce nouveau chapitre, c’était aussi important psychologiquement.
Où en est votre structure d’un point de vue financier ?
En 2021, le chiffre d’affaires a été de 130.000 euros, c’est très peu. Mais les résultats de la filiale ont toujours été positifs. Dans l’immédiat, je fonctionne seul en tant que consultant. Je n’ai pas de crédits à la banque et je n’envisage pas de levée de fonds. Après avoir géré des équipes importantes et avoir vécu des moments difficiles, je me laisse le temps de souffler un peu. Le seul coût un peu important a été un serious game que j’ai créé seul sur fonds propres. Cela m’a pris un peu de temps pour la création graphique et la fabrication de celui-ci.
À quoi sert ce serious game ?
AmoRSE est un jeu de cartes sur plateau qui permet de tracer toutes les étapes de la mise en place concrète d’une stratégie RSE. Quand les gens pensent et agissent en même temps avec leurs mains, on passe du mental à l’opérationnel. Cela permet d’aller au-delà de la phase conceptualisation, qui peut être un peu hors-sol.
Nous avons vécu une longue crise sanitaire. Nous sommes confrontés à une crise géopolitique majeure avec la guerre en Ukraine, qui a des conséquences économiques et énergétiques. Des sujets qui ont des impacts sur la vision de la RSE par les entreprises ?
Je n’ai pas été confronté encore aux conséquences de la guerre en Ukraine. La crise sanitaire a été un accélérateur de prise de conscience pour de nombreuses PME. La loi Pacte de 2018, qui a notamment permis la création d’un statut d’entreprise à mission, a lancé un mouvement qui s’est amplifié à partir de 2020. Beaucoup de sociétés avaient des idées en termes de RSE, mais rien de formalisé.
Une structuration qui va être nécessaire pour affronter le réchauffement climatique ?
La crise climatique, c’est encore quelque chose de très éloigné pour un certain nombre d’organisations. Celles qui sont dans une production industrielle ont cela dans leur radar. Quand vous êtes une PME, ce n’est pas si évident. Ils n’ont pas forcément conscience des impacts que cela pourrait avoir sur eux, des logiques d’adaptation qu’ils vont devoir mener auprès de leurs salariés et de leurs clients. Certaines petites structures sont toutefois déjà dans une démarche de changement. Une toute petite entreprise que j’accompagne dans le domaine de la rénovation du bâtiment est en train de faire évoluer son approvisionnement. En choisissant des fournisseurs plus proches, elle va pouvoir améliorer son bilan carbone.
Qui sont vos clients ?
J’ai, depuis 2021, huit clients qui sont répartis sur le territoire (Mulhouse, Bordeaux, Pays basque, Toulouse, etc.) et qui sont très divers : une entreprise de plus de 400 salariés qui vend des piscines sur mesure [1], une banque de 1300 salariés, une foncière, une mutuelle, une société qui vend des selles de cheval, etc.
Des projets à venir en 2022 ?
Il y aura le retour de plusieurs événements. Le grand procès de la RSE revient le 14 juin à TBS Education. Un faux procès ludique qui sera cette année sur la thématique des sociétés à mission. À la fin de l’année, il y aura la troisième édition d’Act for Climate, ateliers et conférences autour des enjeux climatiques, du 16 au 18 novembre. Je continue par ailleurs à travailler sur la communication responsable. Je vais sortir un livre et un serious game à ce propos tout en continuant mes formations sur le sujet.
Propos recueillis par Matthias Hardoy
Sur la photo : Daniel Luciani, le dirigeant de Lucid// Le jeu de carte AmoRSE, le serious game inventé par Daniel Luciani pour aider les entreprises à reflechir de manière ludique sur leur responsabilité sociétale. Crédit : Lucid.
Notes
[1] Nommée Waterair, celle-ci s’est engagée notamment dans le traitement naturel de ses eaux et dans la réduction de la consommation d’énergie pour ses piscines.