Christophe Nicaud, l’Adie souhaite aujourd’hui en faire davantage sur le sujet de la transition écologique. Pourquoi et comment ?
C’est un sujet qui nous intéresse depuis longtemps. Mais nous avons réalisé, au sein de l’Adie, une enquête sur les microentrepreneurs que nous finançons et conseillons. Elle révèle que la moitié d’entre eux n’agissent pas du point de vue écologique, faute de moyens et d’informations. Ces résultats montrent qu’il faut que nous soyons bien plus actifs sur le sujet.
Nous avons plusieurs leviers d’actions. En début d’année, nous avons lancé un dispositif spécifique, le prêt d’apport en capital pour la transition écologique (Pac-te), un prêt à taux zéro accordé en complément de nos microcrédits, qui peut aller jusqu’à 5000 euros et sert à financer un changement de véhicule, de matériel ou d’organisation qui va dans le sens de plus de durabilité écologique [1]. Nous allons nous investir beaucoup plus dans la promotion de cette offre.
Ce que nous voulons changer plus globalement et profondément, c’est la façon dont nous interagissons avec les personnes que nous recevons. Nous allons proposer une sensibilisation beaucoup plus forte à la transition dans les ateliers que nous proposerons pour les microentrepreneurs. Pour atteindre cet objectif, la formation sur les sujets écologiques de nos salariés et bénévoles va être renforcée. Nos offres, même si elles changent, ne suffiront pas. Il faut qu’elles soient portées, défendues au quotidien.
Et concrètement, comment l’accompagnement des microentrepreneurs va changer ?
Nous allons demander davantage aux entrepreneurs comment ils intègrent la transition dans leurs activités. Nous allons les faire réfléchir à la manière dont ils pourraient avoir plus recours, par exemple, aux circuits courts pour leurs approvisionnements. Un certain nombre de petites entreprises que nous accompagnons le fait d’ailleurs déjà spontanément. À l’avenir, nous pensons d’ailleurs proposer, avec des structures partenaires, des accompagnements spécifiques pour les entreprises qui veulent aller encore plus loin sur les sujets de transition.
En mars, vous vous inquiétiez des possibles conséquences sociales de la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE). Depuis, le calendrier de mise en œuvre de celles-ci a été assoupli. Que pensez-vous de ce changement ?
Ce qui est positif, c’est que dans le rapport à l’origine de ce nouveau calendrier, porté par le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc et Anne-Marie Jean, vice-présidente écologiste de l’Eurométropole de Strasbourg, on voyait une vraie prise en considération des problématiques sociales posées par la ZFE.
Nous demandons toutefois aux Métropoles, notamment de Toulouse ou de Montpellier, d’aller plus loin en ce qui concerne les aides. Toulouse propose par exemple des aides d’un montant faible et qui peuvent bénéficier à tout le monde. Ce qui fait que ceux qui vont en tirer le plus bénéfice sont ceux qui ont déjà les moyens de changer de véhicules. D’autant que la Mairie n’avance pas ces aides. Or, les personnes qui ont peu de moyens ne peuvent avancer l’argent. Nous travaillons avec les Métropoles pour que l’avance soit faite ou du moins qu’elle finance le fonds pour notre prêt Pac-te.
Par ailleurs nous continuons à développer nos offres de leasing avec ou sans option d’achat pour permettre l’accès à des véhicules neufs qui ont la bonne vignette Cri’Air.
L’accélération de la transition écologique est-elle en train de changer le rôle de l’Adie ?
Oui. Et la transition écologique sera encore plus présente dans notre nouveau plan stratégique national 2025-2027. Il ne faut pas mettre les microentrepreneurs en dehors de la lutte contre le réchauffement climatique. Les petits entrepreneurs peuvent être des acteurs de la transition écologique. Et nous allons avancer à leurs côtés.
Propos recueillis par Matthias Hardoy
Sur la photo : Christophe Nicaud, le directeur de l’Adie Occtanie. Crédit : Hélène Ressayres - ToulÉco.
L’Adie Occitanie en bref
En Occitanie, l’Adie fonctionne grâce au travail de quarante salariés et quatre-vingts bénévoles. L’association est présente dans tous les départements occitans, exceptée la Lozère. À Toulouse, on compte une dizaine de salariés et une trentaine de bénévoles.
Notes
[1] 55 prêts d’apport en capital pour la transition écologique ont été accordés depuis le début de l’année.