Et si les entreprises se rachetaient une bonne conscience en plantant des haies champêtres à proximité de leurs lieux d’implantation plutôt qu’au bout du monde... Cette idée a conduit L’Arpe, l’agence régionale du développement durable en Midi-Pyrénées, à proposer l’initiative Carbone local, lancée ce 21 novembre.
« Nous sensibilisons les entreprises au projet, recueillons leurs intentions et nous les mettons en relation avec l’association de planteurs du département », explique Julien Lavaud en charge du projet à l’Arpe.
Cemex, leader mondial du béton prêt à l’emploi et producteur de granulats, et les laboratoires Pierre Fabre sont les premières entreprises à s’engager. Pour les accompagner sur le terrain, Arbres et Paysages d’Autant et Arbres et Paysage 81 assurent les plantations de haies. Sous le regard avisé d’Ecocert, le partenaire du projet sur le volet certification. « Nous allons vérifier pendant la pousse des arbres qu’ils sont bien éligibles aux critères de la réglementation carbone internationale », souligne Xavier Hatchondo, responsable du département changement climatique.
Investir local pour protéger l’environnement
« En tant qu’entreprise responsable, nous sommes dans une logique d’évitement de l’impact carbone et de réduction des émissions, là où on ne peut faire autrement. Il restait à compenser », explique Vincent Raynaud, directeur développement environnement foncier chez Cemex.
« Nous émettons environ 150 à 300 tonnes de CO2 par an et par site ». L’entreprise privilégie les engins transporteurs électriques plutôt que des engins à moteurs thermiques mais, pour des raisons d’acceptation sociétale, les sites d’extraction sont souvent loin des marchés de consommation.
Le bilan carbone local s’en ressent. D’où l’engagement de Cemex dans la démarche Carbone local. 500 mètres de haies vont être plantés sur les terrains de l’entreprise à Roques-sur-Garonne, Cugnaux et Cintegabelle d’ici mars 2014. Deux kilomètres sont prévus d’ici fin 2014. Selon Vincent Raynaud, « dans cinq ans, ces haies compenseront chaque année environ 100 tonnes d’émission carbone ».
Quant aux laboratoires Pierre Fabre, ils se sont engagés sur la plantation d’un kilomètre de haies champêtre d’ici le printemps. Autour des champs d’avoine utilisés pour les produits Aderma.« Une façon d’aller au bout de leur démarche sur la gamme Aderma, déjà aux actifs naturels et cultivés localement », souligne Julien Lavaud.
Une première en France
Selon Xavier Hatchondo d’Ecocert, « il y a une demande des entreprises d’investir en France pour protéger l’environnement et créer de la biodiversité, autour de leurs sites. Elles le font d’abord dans un objectif de communication auprès de leurs parties prenantes. Si, au bout de quelques années, on peut créer des crédits carbones qui ont une valeur sur le marché international, ce sera un bonus. »
Sur le marché de la compensation carbone volontaire, Midi-Pyrénées innove. C’est la première fois qu’une démarche de compensation locale, transparente, avec des vérifications indépendantes est proposée. Et l’Arpe n’est pas au bout de son ambition. L’agence entend étendre le programme à l’ensemble du territoire et élargir le dispositif à des crédits carbones autres que biologiques.
Aurélie de Varax
Sur la photo : De gauche à droite, William Vidal, Pdg d’Ecocert, Martin Malvy, président de la Région Midi-Pyrénées et Gérard Poujade, président de l’Arpe Midi-Pyrénées lors du lancement de la démarche Carbone Local. Photo Théo Renaut - ToulÉco.