« Plus de 90% du cacao équatorien est acheté sous forme de fèves et toute la richesse de la filière se crée aux Etats-Unis et en Europe. Et pourtant il y a des fabriques de chocolat sur place, » s’insurge Alex Gareiss. Co-fondateur avec Ulrike Bongartz de Bouga Cacao, ils ont fait le pari du local. La société travaille avec un partenaire équatorien pour la transformation de son cacao en chocolat de couverture. Ensuite dans l’atelier en Ariège, ce chocolat est fondu et retravaillé avec différents épices pour créer les références de la gamme, vendues ensuite dans les magasins bio de la région. A commencer par les Biocoop. Résultats : 20% de prévision de croissance en 2014 et 20% du prix final des tablettes valorisés en Equateur.
Tout a commencé en 2004
Alex Gareiss et Ulrike Bongartz sont alors consultants en Amérique du Sud pour des Organisations Gouvernementales dont la GTZ (Organisme allemand de coopération bilatérale). Ulrike Bongartz se voit confier l’accompagnement de la coopérative APPOS près de Santiago en Equateur. Très vite, elle les oriente vers une activité économique autour du cacao, non destinée à l’exportation, mais transformé sur place pour les marchés locaux. « C’est de là que sont nés les deux premiers produits de notre gamme (pépites de chocolat et chocolat à boire), obtenus au besoin d’un moulin à cacao et de notre travail sur les hauteurs des Andes. Les clients ne tardèrent pas à se manifester dans la capitale Quito ainsi qu’en Allemagne et ce dès l’envoi des premiers échantillons » raconte Ulrike Bongartz. Le couple décide alors en 2006 de créer Bouga Cacao, d’abord en Allemagne puis transférée un an plus tard, en Ariège « pour la beauté des paysages ».
Une filière sous contrôle
Aujourd’hui l’entreprise travaille avec quatre fermes de producteurs regroupées dans l’organisation Selva Dorada, dans la Province de Morona-Santiago. « La première ferme a été labellisée bio et équitable en 2013 par Ecocert, » souligne Alex Gareiss. Selon le contrat prévu, les fèves sont achetées au prix minimum de 3 euros le kilo auxquels s’ajoutent une prime équitable de 15% et 5% qui va dans un fonds de développement pour l’organisation. En 2013, cet argent a permis la construction d’un séchoir pour les fèves. Bouga Cacao rémunère également une correspondante locale, Olivia Ortitz, pour suivre l’activité.
« Nous ne voulons pas tomber dans le piège de l’industrialisation de notre activité mais plutôt nous développer comme importateur conseil auprès d’autres chocolatiers ». Et pour cause : la filière mise en place par la pépite ariégeoise fait des émules puisque des chocolatiers comme la Maison Pillon et Thierry Aimé sont déjà sur les rangs.
Aurélie de Varax
Sur la photo : de gauche à droite Vidal Chamico producteur de cacao, Ulrike Bongartz co-fondatrice de Bouga cacao et Oliva Ortítz, correspondante Bouga Cacao au sein de Selva Dorada en Equateur.
