Biomasse. « Avec Enermass, nous souhaitons transformer les résultats de la recherche en développement économique »

Partager cet article

La communauté d’agglomération de l’Albigeois porte depuis deux ans un projet de cluster transnational dédié à la valorisation énergétique de la biomasse. L’Union européenne l’a avalisé en octobre, lui garantissant ainsi 75% de son budget. Les différents partenaires se sont réunis pour la première fois à Albi afin d’en fixer les objectifs. Stéphanie Guiraud-Chaumeil, adjointe au maire d’Albi, qui les a accueillis, explique pourquoi Albi mise sur cette filière.

En quoi le projet Enermass a pu faire la différence parmi les 319 dossiers déposés auprès de l’Union européenne ?
21 candidatures ont été labellisées, dont la nôtre. C’est difficile de dire ce qui a pu nous différencier. Ce que je peux mettre en avant c’est la qualité de nos partenaires sur ce dossier : leur notoriété au niveau européen a certainement porté. Notamment la fondation Cener-Ciemat, partenaire espagnol, l’université de Montpellier 2 et le pôle de compétitivité Derbi (pôle dédié aux énergies renouvelables dans le bâtiment et l’industrie, basé à Perpignan, ndlr). L’implication des chefs d’entreprise espagnols a dû compter pour beaucoup. Parce que notre ambition pour Enermass, c’est de générer du business autour de la recherche. De transformer les résultats de la recherche, et nous espérons bien découvrir de nouveaux procédés de production et d’utilisation de la biomasse, en développement économique.

Pourquoi avoir fait le choix de la biomasse à Albi ?
Nous recherchions à diversifier l’économie albigeoise. Même si l’économie touristique s’est renforcée avec le classement d’une partie de la ville à l’Unesco, ce secteur n’est pas identifié comme majeur. L’idée, c’était de trouver une filière d’avenir transverse aux entreprises de notre territoire. La filière de la biomasse, qui est très très large puisque le fabricant de chaudière à bois comme la coopérative agricole y sont inclus, s’est imposée. Ici, la valorisation énergétique des résidus organiques peut intéresser la filière bois, les déchets de l’industrie agro-alimentaire, ou ceux du secteur viti-vinicole. D’une manière générale, la biomasse concerne beaucoup de secteurs et ce d’autant plus que tous les types de valorisation seront étudiés : gazéification, méthanisation, torréfaction. Bien entendu nous nous appuyons sur l’École des Mines qui travaille déjà sur les nouveaux matériaux. Et c’est un moyen aussi pour nous de rentabiliser la plate-forme Val-thERA dont les équipements sont consacrés à la valorisation énergétique des déchets. Val-thERA sera à la disposition des entreprises, pendant la durée de leur contrat avec l’École des Mines, voire après.

Les entreprises midi-pyrénéennes vous suivent ?
RAGT-Energie est d’ores et déjà impliquée par exemple. D’autres ont signé des lettres d’engagement. Mais le nombre ne nous garantit pas la réussite. Pour ce cluster, mieux vaut des entreprises participatives, efficaces et impliquées. Enermass a besoin essentiellement d’entreprises en recherche d’efficacité et de transfert économique.

Quelles sont les prochaines étapes d’Enermass ?
Les 9 partenaires du projet vont se retrouver en Espagne puis au Portugal. La création du cluster doit être effective d’ici à deux ans, fin 2014. Avec la technopole Albi-InnoProd pour siège. Tout reste à faire quelque part pour que ce cluster émerge définitivement et le champ territorial qu’il intéresse est vaste depuis Albi, en passant par l’Aquitaine et Languedoc-Roussillon, l’Espagne et le Portugal. De très nombreux interlocuteurs vont intervenir.

Comment se répartit le budget ?
Enermass est doté de 1,2 millions d’euros. L’Union européenne en finance 75%, le dernier quart est pris en charge par les différents partenaires. La communauté de communes de l’Albigeois y consacrera 30.000 euros chaque année d’ici fin 2014 donc.
Propos recueillis par Nathalie Malaterre

Revalorisation de la biomasse, un procédé préhistorique

La biomasse est la première source d’énergie renouvelable en France. Elle est constituée de toutes les matières organiques végétales, animales et fongiques. Utilisée par l’humanité depuis la domestication du feu, la biomasse (via principalement le bois et les déjections) permet d’assurer le chauffage et la cuisson sur la majeure partie de la planète aujourd’hui encore. Sa revalorisation a le vent en poupe dans les pays riches depuis que le réchauffement climatique est devenu problématique. A noter que la revalorisation mal maîtrisée de la biomasse est source de rejet massif de CO2. De là le développement de la recherche et le potentiel économique de cette filière !

Sur la photo : Stéphanie Guiraud-Chaumeil, adjointe au maire d’Albi. Crédits : DR.

Réagir à cet article

Source : https://www.touleco-green.fr/Biomasse-Avec-Enermass-nous