C’est de Dresde en Allemagne, où elle a créé une fililale de l’entreprise audoise Bio Planète, que Judith Moog répond aux interviews. Celle qui a repris avec son associé Jérôme Stremler, l’entreprise familiale paternelle, fête aujourd’hui les trente années d’existence d’une success story qui a pourtant commencé par des adieux. « Mon père, Franz Moog, était très amoureux de la France. J’avais 15 ans quand il a décidé de tout quitter en Allemagne, pour venir s’installer ici, et les débuts furent difficiles. Nous n’avions qu’un hangar et des machines d’occasion, pas d’ordinateur et de téléphone portable. Nous faisions des kilomètres pour aller voir les clients. Il fallait réaliser beaucoup de travail manuellement. C’était vraiment l’aventure. »
1984 : naissance de l’huilerie Moog
Franz Moog est un visionnaire et un précurseur. Comme les pionniers de l’agriculture bio il navigue à vue, sans cahier des charges ni soutien local. La petite ferme biologique est baptisée « Domaine de la planète », et commence à cultiver et à transformer sur place des graines de tournesol, de blé et de soja. Le hasard met sur son chemin une presse d’occasion qui transforme ces graines en huile. Nous sommes en 1984, la première huilerie biologique audoise est née. « A partir de là, nous n’avons cessé de construire et d’asseoir notre compétence. Et la demande en huile bio a été multipliée par 10, puis par 20. » Le premier client est l’Allemagne, déjà très avancée sur l’agriculture biologique.
Le décès prématuré du chef de famille ramène Judith Moog, alors en formation universitaire en agro-alimentaire et en nutrition, sur l’activité agricole de l’entreprise. « Je n’avais pas terminé mes études, mais je sentais que j’avais une mission, il fallait que je continue ce qu’il avait commencé. »
Bio Planète développe les gammes d’huiles

Elle va au delà, elle multiplie les graines, noisettes, amande, soja, lin, noix. Bio Planète travaille en circuit direct avec les producteurs en Espagne, au Portugal, au Brésil. Pour que la matière première soit transformée dans le pays d’origine. « La qualité de l’huile est dans la graine, c’est une étape primordiale que cette matière première soit respectée. Et c’est une valeur ajoutée que l’huile d’Argan par exemple, soit transformée au Maroc sur son site de production. Le contrôle qualité est ensuite réalisé chez nous. » Dans l’entreprise de Bram, dans l’Aude, que dirige son alter égo Jérôme Stremler. Ici, les 40 salariés produisent et transforment 3000 tonnes de graines par an.
L’huilerie Bio Planète et le commerce équitable
Bio Planet a ouvert l’éventail des différents visages de l’huile biologique : aux côtés des huiles de cameline, d’avocat, de sésame, d’olive, d’argan, de tournesol, elle crée des huiles innovantes spécifiques, où sont ajoutés huiles essentielles, pollen, et fruits. L’entreprise est devenue internationale grâce aux programmes de commerce équitable sur lesquels elle s’engage avec la Chine, le Kenya, le Burkina Fasso. Ce qui lui a permis de labelliser Ecocert Equitable, et Max Havelaar sa production « Unis & Bio ».
Judith Moog dirige aujourd’hui la filiale commerciale et marketing en Allemagne. L’entreprise détient également un outil de production et emploie quinze salariés. Bio Planète projette d’agrandir ses locaux audois en 2014, bureaux et outils de production. L’engouement pour le bio a propulsé l’aventure française de Franz Moog, en dehors des frontières audoises. Bio Planète exporte 70% de ses huiles en Suisse, en Grande-Bretagne, au Danemark, au Japon, au Pays-Bas...
Comme il l’avait pressenti, Franz Moog a fait de la planète son domaine.
Virginie Mailles Viard
Sur la photo : Judith Moog, fille du fondateur et son associé Jérôme Stremler, dirigeants de Bio Planète