Bio-Blanc-Rouge : l’avenir du bio sera local

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Est-ce qu’un produit bio venu de Chine, est encore bio .... en France ? A travers sa campagne nationale, « Bio et local, c’est l’idéal », le bio français revendique ses frontières. Et plus elles sont resserrées autour du consommateur, plus la filière prend de la vigueur : en terme de préservation des sols, d’emplois, de lien social, et de qualité des produits.

La filière agricole biologique française veut se faire entendre sur son territoire local. La campagne nationale « Bio et local, c’est l’idéal » , est relayée au niveau régional à travers différentes manifestations. L’antenne de Midi-Pyrénées, la Frab, la Fédération régionale d’agriculture biologique, représente les producteurs bio au niveau régional. Pour son président Thomas Faure, l’enjeu est de projeter cette agriculture encore atypique et complexe comme un modèle vertueux à développer et à ancrer durablement dans les esprits. Un modèle sans pesticides, qui préserve la qualité des sols, de l’air et de l’eau, et le bien-être animal : « Les producteurs qui sont dans le réseau Frab ont tous le label agriculture biologique, mais ils essayent d’apporter une vision plus globale et transversale de l’agriculture bio, qui recoupe un développement harmonieux sur les territoires, cohérent et durable, qui touche aussi bien l’aspect économique, la biodiversité et l’environnement. Au delà du produit agriculture biologique, c’est un modèle agricole que l’on essaye de partager et de développer. » Un modèle que Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, veut encourager.



L’agriculture bio fait appel au bon sens : pour que le bio ne perde pas ses vertus dans les transports, le circuit court est de rigueur. Pour que la filière s’intensifie, que les emplois se multiplient, il faut relocaliser l’économie. « Que les bassins de production soient proches des bassins de consommation », assène la Frab Midi-Pyrénées. « Le bio exige plus de main-d’oeuvre, que le conventionnel. L’autre objectif de cette campagne est d’impacter la restauration collective, et de relier la saisonnalité des produits aux habitudes de consommation. »




L’économie du bio


C’est grâce à sa taille que Midi-Pyrénées est la première région en surface bio cultivée, alors que le faible pourcentage (5,2 %) consacré à l’agriculture biologique la positionne en cinquième place. Les 2.408 exploitations la placent en revanche en troisième place, notamment grâce à l’Aveyron et au Gers : sur 120.000 hectares, 35.000 sont aveyronais.

 Les aides financières en 2009-2010, ont permis au modèle agricole bio de passer un cap significatif. « Les crédits d’impôts ont aidé certains agriculteurs à franchir le pas. Nous avions 20.000 hectares cultivés en 1995, contre 120.000 aujourd’hui. », précise Audrey Massié. La déléguée générale de Frab Midi-Pyrénées ne se réjouit pas pour autant : « C’est vrai qu’en 2011, on a vu naître 13.000 hectares de plus, mais nous ne représentons que 3,5% de la SAU - la Surface agricole utile nationale. Nous avons encore une énorme marge de manœuvre. Notre région est très dynamique, mais nous devons développer les transformateurs et les distributeurs. »



Agrandir le bio ? 


Les transformateurs bio sont aujourd’hui le maillon faible de la chaîne, puisqu’ils ne sont que 498 en Midi-Pyrénées. Or pour que la filière se développe, il est impératif qu’ils se renforcent. Mais là encore, les conditions requises sont délicates : comment gagner en densité pour répondre à une demande croissante du produit bio, sans tomber dans le modèle industriel dominant, grandes exploitations, grosse chaîne de transformation et conserver le lien privilégié, producteur-consommateur ? le bio est difficilement soluble dans le prêt-à-consommer.

L’industrie agro-alimentaire traditionnelle a transformé les paysans en ouvriers spécialisés, simples maillons d’une chaîne de production. Or produire bio est un travail complexe. Frédéric Cluzon est agriculteur bio, éleveur de bovins en Ariège. Il est de ceux qui ont décidé de basculer de l’autre côté : « Je ne m’y retrouvais pas, on fixait les prix pour moi, il n’y avait rien à discuter. Mon veau partait en Italie, je ne maîtrisais rien. Et c’était lassant, chaque année les mêmes cultures... J’avais vraiment l’impression de me faire manipuler. Le bio lui exige de nombreuses cultures, j’ai redécouvert les fonctions du sol. Et aujourd’hui, je suis libre, seul maître à bord. »
Virginie Mailles Viard

En savoir plus

Du 1er janvier au 15 mai 2012, 811 producteurs bio supplémentaires ont été enregistrés, permettant de passer le seuil du million d’hectares engagés en bio.
Le bio sur le marché alimentaire en France représente 4 milliard d’euros en 2011 dans les ménages, et 158 millions d’euros dans la restauration collective. La 
consommation des ménages a doublé entre 2007 et 2011. Elle représente 2,4% du marché alimentaire total, ce qui reste assez faible. 
Les seuls produits qui dépassent ce seuil, sont le lait et oeufs - 10 % - quand les fruits et légumes
 atteignent 6%.

Les manifestations autour de chez vous

Tout au long du mois de septembre, des animations, des visites de fermes témoins, des conférences débats, des projections publiques sont organisées. Le programme sur le site de Bio Midi-Pyrénées :

Sur la photo, de gauche à droite : Frédéric Cluzon président de l’association des agriculteurs bio, Thomas Faure président de la Frab Midi-Pyrénées, Audrey Massié déléguée générale de la Frab Midi-Pyrénées. Crédits : VMV.

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Source : https://www.touleco-green.fr/Bio-Blanc-Rouge-l-avenir-du-bio