Le décret tertiaire, adopté le 1er janvier 2019 dans le cadre de la loi Elan, a vu sa mise en œuvre retardée par la pandémie, mais le texte place désormais les professionnels du BTP au pied du mur. En effet, selon ce décret, les bâtiments ou groupes de bâtiments tertiaires de plus de 1000 m2 devront avoir réduit leur consommation globale de 40 % en 2030, 50 % en 2040 et 60 % en 2050. C’est dans ce contexte que la Fédération du bâtiment et des travaux publics (FBTP) de Haute-Garonne a organisé une matinée d’échanges, le 23 juin dernier, pour les professionnels de l’acte de bâtir (entreprises, maîtres d’œuvre, maîtres d’ouvrages).
« L’objectif est d’informer pour que chacun se mette au diapason ; mais aussi comprendre les attentes des maîtres d’ouvrage, afin de répondre au mieux à leurs attentes. Pour nous, entreprises du BTP, cette nouvelle règlementation va générer un marché de rénovation considérable », indique Émile Noyer, le président de la FBTP de Haute-Garonne.
960 millions de m2 à rénover
Des bureaux aux commerces, en passant par les établissements de santé et d’éducation, équipements sportifs, data center, et autres gares et aéroports… L’Ademe estime en effet que 960 millions de m2 sont concernés par ce décret. Au sein de la fédération du BTP de Haute-Garonne, la commission rénovation énergétique s’emploie déjà à former et informer les adhérents. Néanmoins, de leurs côtés, plusieurs maîtres d’ouvrages publics et privés ont anticipé.
L’heure de l’état des lieux
C’est le cas de Toulouse Métropole, qui a déjà identifié 250 bâtiments concernés par le décret et engagé un audit de l’ensemble. « Nous nous sommes faits accompagner de bureaux d’études et, à ce jour, nous avons une vision concernant une bonne trentaine de bâtiments », rapporte Frédéric Wilhelm, energy manager au sein de Toulouse Métropole. « Une chose est sûre, ce décret nous oblige à mettre en œuvre un schéma directeur immobilier et à planifier les rénovations dans les dix ou quinze ans à venir. » Sans surprise, le principal frein à la mise en œuvre de ces travaux sera financier. « Même s’il et encore trop tôt pour en estimer le surcoût, il est certain que les exigences du décret vont plomber nos prévisions et il n’est pas exclu que nous mettions en œuvre des financements externes dans le cadre de contrats de performances, par exemple », envisage le maître d’ouvrage.
Des travaux échelonnés
Chez Midi2i, maître d’ouvrage privé à la tête de cent-cinquante actifs qui représentent une surface de 420.000 m2 sur l’ensemble du territoire, le décret tertiaire est aussi un sujet incontournable. « Nous avons lancé un chantier en interne sur le sujet dès 2018, dans le cadre de notre politique RSE, et nous avons aujourd’hui déjà cartographié, avec l’aide d’un bureau d’études, les données énergétiques des parties communes des bâtiments, qui nous incombent en tant que bailleur », décrit Jean-Luc Barthet, le président de Midi2i. « Nous en sommes maintenant à solliciter les locataires pour leur demander de faire leur déclaration. Une fois fait, nous définirons un plan d’action, mais sans doute étalerons nous aussi les échéances de travaux. »
Du côté des entreprises, on s’attend déjà à être les bras armés de solutions prescrites par les maîtres d’œuvre. « Chacun est expert dans son domaine, mais pour y répondre au mieux, sans doute aurions nous intérêt à réfléchir en termes de groupement ou d’associations d’entreprises, puisqu’à la fin c’est la consommation globale du bâtiment qui compte », préconise ainsi Hervé Méric, membre de la FBTP 31, dirigeant de la société Kalitec et coprésident de la commission aménagement durable du territoire à la chambre de commerce et d’industrie. D’ailleurs, il réfléchit dans le cadre de la CCI à la création d’un guichet unique pour informer maîtres d’ouvrages et usagers.
Béatrice Girard
Photo d’illustration. Crédits : Promologis - DR.