Aveyron. Les élus écologistes au secours de Nutergia



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Son installation était prévue en 2013, mais le laboratoire Nutergia ne pensait pas devoir partager son territoire avec un élevage porcin de 3000 têtes. Antoine Lagarde, son p-dg, espérait en tous les cas être soutenu dans le projet de rassemblement de son activité sur le site de Causse-et-Diège, en Aveyron. Europe écologie-les Verts a répondu à l’appel, tandis que la FDSEA accuse Nutergia de mener « une croisade anti-porcherie ».

Porcherie industrielle et entreprise pharmaceutique bio ne font pas bon ménage. A Causse-et-Diège, dans l’Aveyron, Nutergia souhaitait établir une unité de fabrication, de R&D, de logistique, et rajouter 45 emplois aux 160 que compte cette entreprise spécialisée dans la pharmaceutique naturelle. Mais le laboratoire - comme la Grotte de Foissac, classée monument historique- ne voit pas d’un bon œil la cohabitation avec une porcherie industrielle installée à proximité. Elle aussi a décidé de s’étendre, en passant de 1000 à 3000 têtes.

Les dernières semaines ont fait l’objet de passes d’armes entre les différents protagonistes, la porcherie se faisant entendre par la voix de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA). Cette dernière n’a pas opté pour la proposition d’Antoine Lagarde, p-dg de Nutergia : la transformation en bio de la porcherie de la Sanguinette. Le laboratoire menace donc de retirer ses billes, soit 3 millions d’euros, ses emplois, et son projet de campus. La FDSEA y voit « une croisade anti-porcherie, anti-agricole, anti-agriculture ». D’autant que l’abattoir de Capdenac, situé à proximité, a selon elle la capacité de répondre à une demande croissante de porcs, boostée par l’Indication géographique protégée (IGP) Porc du Sud-Ouest, obtenue en janvier 2013.

« Un territoire ne peut pas être la propriété d’une filière »

Le dernier communiqué de la FDSEA, accusant Antoine Lagarde de faire du lobbying anti-agricole, a déclenché les foudres d’Europe écologie-les Verts. 

Pour Marie-Françoise Vabre, élue écologiste régionale, ce combat entre industrie bio et élevage industriel doit permettre avant tout de « penser le développement économique de nos territoires, notamment ruraux. Il faut prendre en compte l’ensemble des acteurs. Un territoire ne peut pas être la propriété d’une filière, ou d’un type d’activité. Nous ne faisons pas le procès des éleveurs de porcs, mais celui d’un mode de production. Nous sommes pour qu’il y ait de la production de cochons en Aveyron, mais autre que celle du cochon industriel. A terme, elle n’est pas viable, ni créatrice d’emplois. Par contre il faut pousser les collectivités à réaliser des appels d’offres sur du porc bio dans la restauration collective, il y a là des débouchés pour la production porcine. »

La porcherie industrielle ne remplit pas les exigences environnementales selon EELV, et ne peut faire face au paysage européen actuel. « D’autant qu’aujourd’hui c’est au niveau européen que les prix se font », estime Marie-Françoise Vabre. « Et le développement des élevages dans les pays de l’Est conduisent nos éleveurs dans le mur. »



Pour l’élue, l’installation de Nutergia rentre dans un schéma global qui concilie respect de l’environnement, création d’emplois, diversification de l’activité sur le territoire. « L’ensemble des parties prenantes doit donc trouver un cadre de coexistence possible. Tout n’est pas bouclé, les choses peuvent bouger. » C’est aussi ce qu’espère Antoine Lagarde, qui n’a pas souhaité réagir au dernier communiqué de la FDSEA.


Virginie Mailles Viard

Sur la photo : le projet d’une porcherie industrielle à Causse-et-Diège. Crédits : DR.

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Source : https://www.touleco-green.fr/Aveyron-Les-elus-ecologistes-au