La France produit 390 millions de tonnes de déchets par an, dont 70 % issus du secteur du bâtiment et 20 % de l’industrie. Des chiffres qui ne laissent pas indifférents et qui ont décidé Viviane Contreras et Nicolas Jaouen à créer Akanthas en 2021. « Nicolas Jaouen venait du numérique et de l’aéronautique. Quant à moi, j’avais déjà une expérience dans le monde de la valorisation des déchets et des biodéchets. À nous deux, on s’est dit qu’il y avait forcément une innovation à trouver pour améliorer ces chiffres », raconte Viviane Contreras.
Sur le terrain, ils constatent de multiples sources d’erreurs et de difficultés : erreurs de tri à la source, mélange des déchets, difficulté à regrouper les déchets identiques pour faire de la valorisation et, à l’arrivée, un grand volume de déchets incinérés… par erreur.
« Nous avons imaginé une solution d’analyse et de monitoring des déchets professionnels issus de la construction et de la manufacture, grâce à des capteurs interconnectés qui permettent d’anticiper, de trier et de valoriser chaque collecte », décrit-elle.
Ces capteurs optiques situés en hauteur, au-dessus de chaque benne, prennent des images des déchets déposés et analysent en temps réel la quantité de déchets, repèrent les éventuelles erreurs, calculent les niveaux de remplissage des bennes. « Ceci nous permet, par exemple en cas d’activité et d’un remplissage de benne plus élevé que d’habitude, d’alerter le client pour déclencher une collecte supplémentaire », explique Nicolas Jaouen. « Autre avantage, nos capteurs capables de qualifier la nature du gisement permettent de diriger la benne vers le bon tri. »
Une levée de 2 millions d’euros
Récompensée dans le cadre d‘InnovFrance 2030, Akanthas a bénéficié à sa création d’un soutien financier de 860.000 euros. Elle affiche en 2023 un chiffre d’affaires de 200.000 euros et prépare désormais une levée de fonds en seed de 2 millions d’euros afin de renforcer sa structure commerciale et technique, d’adresser le marché international et d’industrialiser sa solution.
La start-up adresse pour l’heure les grands comptes de l’industrie et du bâtiment, Vinci, Bouygues Travaux publics, GSE et des acteurs de la gestion des déchets comme Veolia Suez, ou encore Les Champs Jouault (dans la Manche). Elle a déployé ses capteurs sur quarante sites, un chiffre qu’elle espère doubler en 2024 et tripler en 2025. « Grâce à notre innovation, nos clients ont réussi à réduire de 15 % le nombre de trajets de collectes et ont amélioré le tri à la source de 20 %, soit une baisse globale de 5 % des déchets sauvés de l’enfouissement », pointent les deux créateurs.
Béatrice Girard
Sur la photo : Viviane Contreras et Nicolas Jaouen, fondateurs de la start-up Akanthas, aident les industriels à trier leurs déchets sans se tromper. Crédit : Hélène Ressayres - ToulÉco.
