
Si l’appellation est un peu barbare, l’idée de base est en revanche plutôt ingénieuse. La Biodynamisation azotée des terrains de sport, BATS pour les initiés, est une solution de fertilisation qui permet de réduire la quantité d’engrais chimiques azotés pour nourrir les pelouses. Comment ? En utilisant des bactéries. En collaboration avec les entreprises midi-pyrénéennes Agronutrition et Arterris, des chercheurs de l’Inra*, du CNRS** et de l’université Toulouse III - Paul-Sabatier ont mis au point un processus scientifique innovant qui vise à isoler des bactéries « fixatrices d’azote » naturellement présentes dans le sol, puis de les mettre en culture en laboratoire pour les faire multiplier, avant de les réinjecter sous forme liquide sur les terrains de sport.
« Pour nourrir un sol, il faut lui apporter chaque année 240 unités d’azote. Or la BATS permet d’en apporter 30%, ce qui réduit d’autant la part d’engrais chimiques azotés utilisée », explique Patrick Llorden, directeur de Arterris Espaces Verts, spécialisée dans la commercialisation de produits destinée aux professionnels des espaces verts.
Les golfs sont intéressés
L’argument « développement durable » mis en avant par Arterris, unique vendeur du produit en France, a déjà séduit de nombreuses municipalités. « Nous équipons de nombreux stades comme celui de Lardenne à Toulouse, mais aussi Blagnac, Castelnaudary, Castres, Albi ou encore Lavaur », détaille Patrick Llorden. « Les retours sont très positifs, car non seulement la BATS a permis de réduire le nombre de passage d’engrais de quatre à trois par an, mais ça a également permis d’avoir des gazons plus verts et des tontes moins nombreuses, l’herbe poussant moins vite ».
Côté coût, en revanche, ça revient quasiment au même, le tarif d’un passage d’engrais étant quasi équivalent à celui de la BATS, soit de l’ordre de 200 euros. Pour Arterris, dont le chiffre d’affaires tourne autour des 4 millions d’euros pour l’exercice 2012, il s’agit désormais de passer la vitesse supérieure. « L’objectif est de traiter 100 stades supplémentaires dans la région, dont la moitié sur l’agglomération toulousaine », indique le patron. Les terrains de golf pourraient également être intéressés, mais le procédé est pour l’instant impossible, la présence de sable dans les sols ne permettant pas de produire le même résultat avec les bactéries. Des essais sont néanmoins en cours.
Julie Duquenne