Si les départements ont perdu la compétences économiques au profit des régions lors de la récente réforme territoriale, ils n’ont pas dit leur dernier mot sur ce volet. Après l’Hérault il y a deux ans et la Haute Garonne en janvier, le département de l’Aude vient d’ouvrir sa plateforme d’approvisionnement en circuit court pour la restauration collective : Agrilocal 11. « L’idée de cette plateforme web est de renforcer l’économie locale pour les agriculteurs, de travailler la notion du bien manger et lutter contre le gaspillage dans la restauration collective, à commencer par les collèges », souligne Jean-Pierre Py au conseil départemental.
Alors que la proposition de loi portée par la député écologiste Brigitte Allain qui fixe un objectif de 40% de produits locaux dans la restauration collective d’ici 2020 a été ratifiée par le sénat le 19 mai, la plateforme nationale Agrilocal qui compte déjà vingt cinq départements membres s’affirme comme l’outil incontournable pour promouvoir les circuits courts en restauration hors domicile.
40% de local dans l’assiette d’ici 2020
La promotion des démarches de circuits courts dans la restauration collective n’est pas neuve. Dès 2012, le conseil départemental de Haute-Garonne lançait le réseau Miam31, une expérimentation au départ sur douze collèges. « L’avantage d’Agrilocal est son adéquation avec le code des marchés publics » précise Gilbert Hébrard, conseiller départemental en charge de l’agriculture en Haute Garonne. C’est le conseil départemental qui a pris en charge l’adhésion, environ 20.000 euros, pour décliner l’outil web. « Nous avons actuellement une centaine de fournisseurs référencés et 84 collèges partenaires. Ces derniers lancent des consultations sur les produits laitiers, les légumes et la viande, auxquels les fournisseurs peuvent répondre dans un temps imparti. Puis vient l’étape de la commande publique, selon les procédures réglementaires en vigueur ».
Après le lancement d’Agrilocal auprès des cuisines des collèges du département, l’élu espère rapidement mettre le cap sur les autres établissements publics. Dans l’Hérault, la plateforme est déjà ouverte à tous les acheteurs publics et compte 230 fournisseurs dont 30% en bio. L’objectif des 40% de produits locaux d’ici 2020 est en bonne voie.
L’approvisionnement en circuit court n’est pas plus cher
Côté collèges, les partenaires de la plateforme Agrilocal 31 s’adaptent à ce nouvel outil. Au collège de Montesquieu-Volvestre qui sert 320 repas avec déjà 20% d’approvisionnements en circuit court, le cusinier Roland Beyne salue l’initiative. « Cela ne change rien dans nos process de fabrication si ce n’est que nous accédons à des produits plus frais et que nous diminuons notre empreinte carbone ». Et côté budget, le cuisinier s’y retrouve. « Les légumes sont moins chers car la grande distribution marge beaucoup sur les produits frais. Les viandes sont plus chères mais nous avons ajusté les rations ce qui nous a permis d’éviter, aussi, le gaspillage. »
Reste l’épineuse question de l’organisation des producteurs pour faire face aux volumes demandés et ce, toute l’année. A Couiza dans l’Aude, Agrilocal 11 a enregistré cette semaine une première commande de viande d’éleveurs regroupés en réseau. Une initiative portée par la boutique de producteurs Plein Champs avec l’optique que chaque éleveur soir bien rémunéré. « Nous répondons aux appels d’offre en nous appuyant sur le réseau d’éleveurs. Nous achetons l’animal et gérons l’abattage, la découpe et la livraison, le tout en local », précise Armel Rousset éleveur à Sougraigne.
Aurélie de Varax
Sur la Photo : on se régale à la cantine du collège de Bessières, membre de la plateforme Agrilocal 31. Photo CD31.