Analyses à l’appui, la Métropole de Toulouse affirme que « l’eau du robinet ne présente aucun danger »

Partager cet article

En publiant un rapport d’analyses de l’eau du robinet, la Métropole de Toulouse espère mettre fin à la polémique enclenchée par les révélations du Canard Enchaîné. Mercredi 18 octobre, le journal publiait des extraits d’un mail envoyé par le directeur de l’ARS Occitanie, indiquant que l’eau contiendrait des substances dangereuses. La municipalité répond et prouve ses dires.

L’eau du robinet a mis le feu aux médias. Mercredi 18 octobre, Le Canard Enchaîné faisait naître l’incendie en publiant par extraits un mail interne du directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie. Dans ce courrier, Didier Jaffre laissait entendre que l’eau potable ne l’était plus vraiment, tant elle serait contaminée par des PFAS, ces composés chimiques considérés comme « polluants éternels » et surtout par des métabolites du chlorothalonil, un fongicide interdit en France depuis 2020 et classé potentiellement cancérigène.

Depuis trois semaines, la polémique enfle. Un député RN du Gard a saisi la justice pendant qu’à Toulouse, l’opposition municipale s’insurge et réclame des analyses. « Mais elles sont faites régulièrement et depuis longtemps ! », réfute Robert Médina, vice-président de Toulouse Métropole en charge de l’eau. « Depuis janvier 2023, ces analyses sont obligatoires et nous le faisions déjà bien avant », complète-t-il. La collectivité nous a écrit mardi 31 octobre pour prouver ses dires : parmi les 1169 analyses effectuées la dernière année dans les eaux de l’agglomération toulousaine, le taux de PFAS a bien été mesuré 46 fois et les métabolites du chlorothalonil 54 fois, sans qu’aucun seuil n’ait été dépassé. Les substances étaient d’ailleurs totalement absentes dans la plupart des cas [1].

« 20 ans de pédagogie à la poubelle ! »

Malgré ces résultats probants, les élus métropolitains restent désabusés par les conséquences de l’affaire : « Je comprends très bien la réaction des médias, celle de la population, l’inquiétude et l’impression grandissante de ne pas savoir vraiment ce qu’il y a dans l’eau du robinet. Pourtant, elle est sans danger, au contraire ! C’est un coup dur, qui vient ruiner des années d’efforts et de pédagogie », regrette Robert Médina. Il poursuit : « Il n’y a pas de problème dans l’eau de la Garonne ni de l’Ariège. Ces polluants peuvent bien représenter un risque dans d’autres zones, notamment celles ou le réseau est alimenté par des nappes phréatiques mais absolument pas à Toulouse. »

La question de la qualité de l’eau en dehors du bassin garonnais reste donc valable. Et une autre est toujours sans réponse : pourquoi le directeur de l’ARS s’est-il fendu d’un tel écrit ? Les extraits du mail rapportés par Le Canard Enchaîné laissent effectivement craindre le pire : « Il y a des PFAS et des métabolites partout », aurait ainsi écrit Didier Jaffre. Et encore : L’eau du robinet « ne doit plus être consommée, mais seulement utilisée pour tout le reste ».

« On a pris une partie d’un mail envoyé à un cercle restreint, hors contexte », soupire Robert Médina. Selon une source proche, Didier Jaffre aurait retranscrit dans son mail des propos entendus lors d’un colloque, concernant la situation dans une autre région. L’explication pourrait être plausible. Contactée à ce sujet, l’Agence régionale de santé n’a pas souhaité s’exprimer.
Marie-Dominique Lacour

Crédit photo : Rémy Gabalda - ToulÉco.

Notes

[1Détail du rapport d’analyses transmis par Toulouse Métropole.
Concernant les PFAS, la réglementation en vigueur depuis le 1er janvier 2023 fixe une valeur limite de 2 μg/l dans les eaux brutes et 0,1 μg/l dans l’eau distribuée. Depuis 2022 et jusqu’à ce jour, 36 analyses ont été effectuées par l’ARS et 10 par Eau de Toulouse Métropole. 41 mesures ont conclu a une absence totale de PFAS. Seules cinq ont révélé leur présence, dans un taux très faible de « 0,0081 μg/l au maximum, soit moins d’un dixième du seuil réglementaire ».
S’agissant de l’autre substance controversée, le résidu de pesticide « Chlorothalonil R471811 », la Métropole affirme qu’une seule des 54 analyses réalisées à la sortie des trois usines de potabilisation a conclu à sa présence dans l’eau. « La seule valeur non-nulle s’élève à 0,069 μg/l, en dessous du seuil réglementaire de 0,1 μg/l », précise-t-elle.

Réagir à cet article

Source : https://www.touleco-green.fr/Analyses-a-l-appui-la-Metropole-de-Toulouse-affirme-que-l-eau-du,39804