Alexandre Jouaville, Citiz Toulouse devient aujourd’hui Citiz Occtanie. Où en est la structure, douze ans après son arrivée à Toulouse ?
Nous disposons d’une flotte de quatre-vingt-cinq véhicules, essentiellement dans le centre-ville de Toulouse. Nous sommes aussi présents à Ramonville, en Aveyron (Millau et Saint-Affrique) et dans les Hautes-Pyrénées (Tarbes et Lourdes). 4800 personnes sont inscrites à notre service d’autopartage. 40% de notre chiffre d’affaires est réalisé par notre clientèle professionnelle, qui utilise nos véhicules la journée et semaine alors que les particuliers s’en servent en soirée et le week-end. L’objectif est qu’une voiture partagée tourne toute la journée, toute l’année à la différence des voitures individuelles qui sont statique à 95% sur un parking personnel ou d’entreprise.
La coopérative a-t-elle été très impactée par la crise sanitaire ?
Nous sommes une société qui se rémunère aux déplacements. Or, ceux-ci ont été interdits ou du moins fortement restreints. 2020 a donc été une année très difficile pour nous. Surtout que nous sommes un type de mobilité lié aux loisirs qui sont très limités actuellement. Nous avons utilisé l’ensemble des aides financières possibles (PGE, chômage partiel, etc.). Notre société a toujours été en croissance. Celle-ci était assez folle avant la crise sanitaire (+30%. ). Chaque année, nous rajoutons des stations et des véhicules dans le but d’augmenter le nombre d’utilisateurs. En 2019, notre chiffre d’affaires est de 750.000 euros.
La crise du Covid-19 a fauché nos espoirs. Mais, durant les six mois sans restriction de circulation (début d’année puis la période entre les deux confinements), nous avons atteint notre objectif de croissance. Nous avons terminé avec un petit déficit, mais il y a de l’espoir. En ce début année, malgré les restrictions qui se poursuivent, nous sommes sur une trajectoire qui dépasse les objectifs prévus.
Quels sont vos projets en 2021 ?
Nous sommes en phase de recapitalisation. C’est notre projet principal. Notre objectif est de doubler le capital. Nous voulons passer de 300.000 à 600.000 euros. Nous voulons y arriver avant notre assemblée générale d’avril. Dans notre société coopérative d’intérêt collectif (Scic), il y a plusieurs catégories de sociétaires : les bénéficiaires, les partenaires professionnels, les salariés et les collectivités locales. Nous voulons que les collectivités prennent leurs responsabilités et montent en capital pour soutenir notre initiative, qui a un impact positif en termes de mobilité et de développement durable.
Nous avons demandé à Tisséo et Toulouse Métropole de venir plus au capital qu’actuellement. La Région va très certainement rentrer au capital. La délibération est prévue en avril. Convaincre Toulouse Métropole est plus compliqué. Nous dialoguons, nous faisons de la pédagogie pour faire comprendre qu’une prise de part dans une coopérative, ce n’est pas un acte anti-concurrentiel. Toutes les coopératives du réseau ont été soutenues en 2020-2021 dans leur recapitalisation par leur collectivité locale. Le soutien au capital des Scic, ça rentre dans les mœurs peu à peu, ce n’est pas encore le cas à Toulouse.
Que pourrait permettre cette recapitalisation ?
Une fois que nous aurons consolidé nos fonds propres, cela nous permettra d’être ambitieux en Occitanie. Pour accéder à des investissements lourds, il faut avoir une bonne santé financière. Nous pourrons ainsi poursuivre les projets déjà lancés ces dernières années. Par exemple, notre partenariat expérimental en quasi-ruralité en Aveyron, avec le parc naturel régional des Grands Causses. Pour le moment, il y a trois véhicules. Dans les trois ans à venir, nous aimerions avoir vingt véhicules supplémentaires. À Tarbes et Lourdes, nous voulons poursuive le développement du projet d’autopartage 100% électrique que nous mettons en place avec la communauté d’agglomération.
Nous sommes en discussion également avec Castanet, Cahors et Agen, où les collectivités sont proactives et demandeuses de l’autopartage. Notre horizon est de créer un maillage de stations Citiz calquées sur les gares principales de l’offre de train express régional (TER).
Le développement de l’hybride et de l’électrique va-t-il accélérer ?
Le verdissement de la flotte, c’est une demande des citoyens qui veulent plus de véhicules hybrides ou électrique. Mais c’est aussi la réalité économique du marché automobile. Les constructeurs automobiles prévoient, d’ici 2025, la fin des nouveaux modèles thermiques et, d’ici 2030, la fin de la commercialisation de ce type de véhicules.
Nous avons pour le moment une douzaine de véhicules électriques et hybrides sur quatre-vingt-cinq. Tous les véhicules thermiques en fin de vie, nous les remplaçons par des hybrides. Les nouveaux véhicules que nous achetons, ce sont des hybrides ou des électriques.
En quoi l’autopartage est il un mode de transport écologique ?
Car ce que nous proposons, c’est de permettre aux gens de vivre sans voiture personnelle. Et donc de diminuer très fortement le nombre de véhicules en circulation. La voiture vient seulement en relais du transport en commun, du vélo, de la marche à pied, etc. Sans offre d’autopartage, très compliqué d’abandonner son véhicule, puisqu’on a besoin de la voiture au moins quelques jours dans l’année. Nos voitures sont implantées à des endroits qui les rendent complémentaires des autres moyens de transports. Ce qui est renforcé par notre système en boucle (le véhicule est ramené à sa station d’origine) [1].
Propos recueillis par Matthias Hardoy
Sur la photo : Alexandre Jouaville, le directeur de Citiz Occitanie, espère une recapitalisation cette année. Crédits : Rémy Gabalda - ToulÉco.
Notes
[1] Utilisé pour toutes les voitures de Citiz excepté ceux de la gamme Yeah ! en « free-floating » où il n’y a pas de station.