Plus de 300 exploitations pratiquant une agriculture mixant l’agroforesterie et la conservation des sols, tel est le bilan d’étape du programme Agr’eau, lancé en mai 2012 dans le bassin Adour-Garonne. Objectif : initier de nouvelles pratiques agricoles pour produire plus avec moins d’intrants et protéger les sols par le génie végétal tout en créant des réserves en eau. Sur le modèle de la forêt, un sol couvert par de la végétation est plus poreux, mieux pourvu en matière organique, et donc plus en capacité d’emmagasiner de l’eau.
« Il est urgent de promouvoir de nouvelles pratiques dans le bassin Adour-Garonne », explique Alain Canet, président de l’Association française d’agroforesterie, à l’origine du projet avec l’Institut de l’agriculture durable. « Il y a une érosion phénoménale des sols qui glissent dans les rivières avec les limons et les produits phytosanitaires ». Selon l’Agence de l’eau Adour-Garonne, partenaire du projet, 70% des eaux superficielles et 38% des eaux souterraines n’atteindront pas le bon état chimique en 2015 à cause des nitrates et pesticides.
Les agriculteurs, piliers du dispositif
Au coeur du projet Agr’eau, 300 fermes pilotes facilitent l’expérimentation et le transfert de compétences. Représentatives de la diversité des agriculteurs et des conditions de production du bassin, elles accueillent les exploitants lors de journées techniques. « Même les agriculteurs bio sont présents dans les groupes de travail, car cette agriculture aussi apporte beaucoup de travail du sol et induit de la dégradation », souligne Alain Canet.
Zéro Roundup, zéro glyphosate
Première expérimentation mixant toutes les techniques du génie végétal, Agr’eau a répondu à l’appel à projet Mobilisation collective pour l’agro-écologie, lancé par le ministère de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt. « Pour changer rapidement d’échelle, nous devons entrainer la recherche agronomique avec nous sur ces nouvelles voies », confie Alain Canet. Son objectif : tripler le nombre de fermes pilotes en deux ans. Et faire basculer partiellement certains agriculteurs dans le zéro glyphosate, zéro Roundup d’ici deux à trois ans. Tout un programme.
Aurélie de Varax
Sur la photo : semis de sorgho sous couvert végétal d’avoine. Ferme de Pierre Pujos (Gers). Crédit : Arbre&Paysage 32