Thales ne veut pas rater le décollage de son innovation. Il y a quelques jours a été annoncé un plan d’aides publiques pour la recherche et le développement, dont l’objectif est d’atteindre une aviation neutre en carbone à l’horizon 2035. La division avionique de ce groupe d’électronique, présente à Toulouse avec 1000 salariés, a aussitôt mené une nouvelle campagne de promotion de sa solution PureFlyt.
« Le plan de soutien à l’aéronautique nous permet d’accélérer notre phase de développement. On gagne trois ans de déploiement à grande échelle », souligne Vincent Mégaïdes, directeur stratégie activités avionique de vol. Avec ce plan de soutien, Thales, dont le capital est détenu en partie par l’État français, cherche à gagner des parts de marché face à son principal concurrent, l’américain Honeywell.
PureFlyt est un nouveau système de gestion de vol communément désigné par le sigle anglais FMS [1], pensé « comme le cerveau de l’aviation de demain ». Cette solution permettra de calculer en temps réel de nouvelles trajectoires de vol optimisées, via un échange permanent de données entre l’appareil, les composantes sols, la compagnie aérienne et le contrôle aérien transmises par les constellations satellitaires.
Aviations civile et militaire
Par conséquence, grâce à des informations météos, plus besoin d’arriver en approche d’une zone de turbulences pour décider un évitement. Un orage sera signalé en amont sur le système, bien avant qu’il n’apparaisse sur le radar de vol, permettant au calculateur de proposer une nouvelle trajectoire. Cette modification entraînera alors une diminution de carburant, promet Thales.
En effet avec les systèmes actuellement en fonction, les modifications de trajectoires nécessitent "plusieurs corrections", selon Didier Poisson, pilote d’essai chez Thales. Des opérations qui ont une incidence sur la consommation, le temps de vol, mais aussi sur les "embouteillages" à l’approche des aéroports.
Outre la connectivité, PureFlyt intègre tous les progrès apportés par les technologies digitales en matière de big data, d’intelligence artificielle et de cybersécurité. Ce système a fait l’objet de deux milliards de tests correspondant à environ 100 millions d’heures de vol et une centaine de pilotes ont été associés aux travaux de R&D de ce projet. Il reste aux ingénieurs et techniciens toulousains à finaliser ce nouveau produit, boucler les tests utilisateurs et obtenir les certifications nécessaires à la commercialisation prévue en 2023.
" Nous sommes en discussion avec des avionneurs", affirme de son côté André Cléroux, directeur ligne produit PureFlyt. Destinée à l’aviation commerciale, cette solution sera également proposée à l’aviation militaire et aux drones.
Audrey Sommazi
Sur la photo : Didier Poisson, pilote d’essai chez Thales, présente le programme PureFlyt à partir d’un simulateur qui reproduit l’ambiance du cockpit d’un avion récent type 320 ou 330. Crédits :
Rémy Gabalda - ToulÉco.
Notes
[1] Flight management system