
Les experts sont pessimistes : les étés seraient plus chauds et plus secs dans les années à venir. Le réchauffement climatique a la dent dure, et pour l’instant, les avis contraires n’ont pas pignon sur rue. « L’angle d’attaque de ce Forum était clairement de se passer des grands discours, et de faire émerger des solutions. Que nous passions à des phases opérationnelles. C’est ce que nous réalisons avec Garonne 2050 », explique Marc Abadie, directeur général de l’Agence Adour-Garonne. Seule représentante française lors du 6ème Forum international sur l’eau, l’Agence Adour-Garonne a présenté un scénario dans l’air du temps. Et qui répond à la problématique posée lors du Forum : "Comment intégrer les changements globaux dans la future gestion de l’ Eau ?"
Un scénario unique en France
Unique en France, l’étude prospective sur Garonne 2050 doit permettre, en plusieurs étapes, de dresser les besoins et les ressources en eau à l’horizon de 2050. Ce sont plusieurs scénarios d’anticipation qui permettront d’évaluer les besoins, et de décrire la quantité d’eau disponible en 2050. Ils tiendront compte des types de gestions envisagés, et des données sur le climat : réchauffement climatique, l’accroissement de la démographie galopante, une urbanisation qui s’intensifie.
« Pour nous le changement climatique est une réalité, la sécheresse est une donnée à prendre sérieusement en compte. Il n’a jamais aussi peu plu, ni fait aussi chaud depuis 50 ans. L’évapotranspiration s’accroît. Nous sommes des représentants du pouvoir public responsables, nous devons dans un esprit de démocratie participative, débattre avec les citoyens et les élus pour envisager l’avenir. Nous proposons à la fois des scénarios de rupture et d’adaptation. Une gestion quantitative, urbaine et agricole ne peut pas fonctionner en 2050. Il nous faudra faire des choix. L’urbanisation a des conséquences sur l’eau, nous devons prévenir les déséquilibres. »
D’où l’originalité de ce projet participatif, qui vise à quantifier les impacts de ces scénarios sur la ressource en eau, mais également en termes d’aménagement du territoire et d’indicateurs sociaux et économiques. Alors que les besoins en eau potable vont s’accroitre, le bassin Adour Garonne présente un déficit de 250 millions de m3. Mais ce qui est pour nous de l’ordre du scénario catastrophe, est une réalité pour d’autres continents.
« Depuis 2010, rappelle Marc Abadie, l’Onu a fait de l’eau potable et de l’assainissement un droit humain. Nous sommes encore dans un pays confortable, où nous ne payons que 3€60 le mètre cube. Mais tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. En partenariat avec la ville de Toulouse, nous avons engagé 25 millions d’euros auprès du Sénégal et de la Palestine. »
_ Virginie Mailles Viard