YéO choisit le rail pour le transport de ses yaourts

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YéO soigne ses petits pots de yaourt en leur offrant un transport éco-responsable par rail pour Paris. Une manière pour la filiale de 3A Coop de 160 personnes d’affirmer ses valeurs d’entreprise citoyenne. Mais aussi de se différencier dans un marché très concurrentiel en difficulté.

Une première dans l’ultra frais. YéO, filiale de 3A Coop et leader français en yaourts bio sous marque de distributeurs, a choisi de faire voyager ses petits pots à destination de sa plateforme logistique en région parisienne par rail. Un mode de transport écologique comparé au traditionnel camion, qui concernera 20% des volumes de vente de YéO pour le Nord et l’Ile de France dès 2012 pour atteindre 100% en 2013. Le ferroutage reste pourtant plus cher de 15% que la route seule. Un surcoût dû aux frais de conditionnement par containers frigorifiques auto-alimentés et à la manutention encore incompressible route-rail sur les trajets entre la gare et les centres de production ou stockage.

« Il est aujourd’hui impensable de répercuter ce surcoût à nos clients de la grande distribution. Mais nous voulons être pionniers dans ce domaine. D’autres industriels vont basculer vers ce mode de transport d’où des gains de productivité attendus. Il faut aussi mettre dans la balance la future écotaxe sur la route mise en place en 2013 et la hausse prévisible des carburants. Et puis, c’est dans nos gènes chez 3A. Nous sommes une coopérative avec des valeurs de développement durable, sociétales et environnementales », explique Jérôme Servières, directeur général de YéO.

Un marché de l’ultra frais difficile

Il cite alors deux chiffres : la réduction chez YéO du poids des emballages de 650 tonnes en deux ans et la baisse de 40% de la consommation d’énergie (électricité, eau …)en quatre ans du site de production des yaourts à Toulouse. Un bon moyen d’innover et de se différencier des concurrents car si YéO est leader en MDD* de yaourts bio, il reste challenger en MDD de yaourts traditionnels.

« Nous prenons des marchés mais pas aussi vite que nous le voudrions. Notre chiffre d’affaires a augmenté de 13% en 2011 pour atteindre 65 millions d’euros. Les 100 millions d’euros sont au programme mais à quelle échéance ? Le problème aujourd’hui, c’est la rentabilité. Les marques nationales sont très agressives en réaction aux parts de marché des MDD. Nos marges sont très faibles. Nos vaches produisent majoritairement leur lait bio cru au printemps. Or, ce lait n’est pas stockable. Donc nous déclassons une partie de cette production qui revient 50% plus cher que le conventionnel pour des usages traditionnels. Et enfin, il y a la forte pression sur les prix de la grande distribution », souligne Jérôme Servières .
Joint Ventures en perspective

Une situation affectant l’ensemble de la profession qui connaît des pertes abyssales en 2011. Une consolidation du marché est d’ailleurs attendue. « Nous ne sommes pas à vendre mais nous sommes prêts à des rapprochements avec des concurrents de taille comparable, comme avec l’Espagnol Kaïku en 2009 », poursuit le directeur général. En attendant, il y aura, en 2013, 1250 camions en moins sur les routes de France pour le transport des 200 millions de yaourts produits par YéO en direction de Paris.
Isabelle Meijers

*MDD : marque de distributeurs

Sur la photo de gauche à droite : Jérôme Servières, directeur général de Yéo, Vincent Morgant, responsable étude et développement chez STEF, Thierry Lanuque, président de 3A Coop, Laurent Dal Grande, responsable Supply Chain de Yéo, Serge Capitaine, directeur général adjoint de STEF, Antoine Trinh, directeur de STEF Toulouse. Crédits : Hélène Ressayres Touléco.

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Source : https://www.touleco-green.fr/YeO-choisit-le-rail-pour-le